Des «mesures choc» pour faire baisser les prix des carburants et de l’énergie sont attendues ce lundi
Des décisions sont à attendre dans «les prochaines heures», soit lundi, sur les prix des carburants à la pompe et/ou sur ceux de l’énergie (électricité, gaz, mazout), entend-on en coulisses dimanche.
Un kern consacré à l’énergie est d’ailleurs prévu lundi en fin d’après-midi. Il devra être l’occasion d’une «série de mesures choc», selon les mots utilisés dimanche par Pierre-Yves Dermagne sur le plateau de l’émission «C’est pas tous les jours dimanche» (RTL-TVi).
Vers des prix plafonnés?
Des «mesures bazooka, comme l’a dit Paul Magnette», ajoute le vice-Premier, également ministre de l’Economie et du Travail. Le ministre socialiste comprend le besoin de mesures décisives, urgentes, mais réfute l’idée que le fédéral a trop traîné. «On ne décide pas de mesures à plusieurs milliards sur un coin de table», note-t-il, ajoutant que «le contexte européen» est également important. Il a été discuté jeudi et vendredi lors du sommet informel de Versailles. À l’issue de celui-ci, les dirigeants des 27 ont confié à la Commission européenne la tâche de préparer pour la fin du mois un catalogue d’options, dont celle d’introduire des plafonds de prix temporaires sur le marché de gros du gaz naturel.
C’est une piste que la ministre belge de l’Energie Tinne Van der Straeten (Groen) avait évoquée il y a quelques semaines déjà, et qui a été défendue à Versailles par le Premier ministre, le libéral Alexander De Croo. À la suite du sommet, ce dernier a affirmé que le soutien était de plus en plus large parmi les pays membres.
Baisse des accises
Le PS a affiché cette semaine ses demandes, que Pierre-Yves Dermagne a rappelées dimanche: une baisse de la TVA (à 6%) sur le gaz, telle qu’elle a été décidée (pour le moment temporairement) pour l’électricité, la prolongation et la «pérennisation» du tarif social (lui aussi temporaire, actuellement), et la création d’un tarif «moyen» pour l’énergie, entre le tarif social et le tarif normal, qui bénéficierait à «la classe moyenne inférieure».
Le mazout, utilisé surtout en Wallonie (environ un ménage sur deux) pour le chauffage, devrait aussi être pris en main avec une réduction du prix final payé par l’utilisateur. Une baisse des accises sur l’essence est finalement avancée.
Pour les carburants à la pompe, le MR a de son côté surtout défendu ces dernières semaines l’introduction d’un «cliquet inversé», via lequel les accises diminueraient automatiquement dès que le prix des carburants dépasse un certain montant. Si, in fine, le résultat serait similaire à court terme (baisse des accises), le ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V) a récemment affirmé à la Chambre qu’une baisse unilatérale des accises sur les carburants, au niveau minimal autorisé, serait finalement plus décisive, en faveur du consommateur, que le cliquet.
La question du «contrat programme» avec les pétroliers, qui fixe des prix maximums et a mené à la fermeture ces derniers jours de certaines stations essence ne voulant pas vendre à perte, est un autre point à régler, en concertation avec le secteur. «C’est un système qui a été mis en place à la suite du premier choc pétrolier, dans les années 70», rappelle Pierre-Yves Dermagne dimanche sur le plateau de RTL-TVi. Le travail est en cours pour que le système soit adapté et tienne mieux compte de «la volatilité des prix», qui a joué des tours aux distributeurs, indique-t-il.
Baisse de la TVA?
Toujours dans les rangs socialistes, mais côté flamand cette fois, le président de Vooruit Conner Rousseau a exprimé dimanche auprès de VTM son attente de décisions en matière d’énergie (TVA sur le gaz) et de carburants (baisse des accises) pour lundi soir. La baisse de la TVA à 6%, que réclament les socialistes sur l’électricité et le gaz, devrait être pérenne, estime-t-il, mais une baisse temporaire peut déjà être un premier pas. La prolongation dans le temps du tarif social élargi est à voir en fonction de cette possible décision sur une baisse de TVA, ajoute le jeune président de parti.
La question du timing se pose, car la semaine à venir sera aussi déterminante pour le nucléaire, le fédéral devant trancher en principe d’ici le 18 sur la possible prolongation de deux réacteurs au-delà de 2025.
Petra De Sutter (Groen), vice-Première, a indiqué dimanche dans De Zevende Dag (Eén, VRT) ne pas vouloir attendre un accord global sur le nucléaire, pour déterminer des mesures allégeant la facture des citoyens. Annelies Verlinden (CD&V) tient le même discours.
Des pistes à court et à long terme
Du côté des Verts francophones, les deux dossiers semblent toutefois liés, dans le discours tenu dimanche par le co-président d’Ecolo Jean-Marc Nollet, toujours auprès de RTL: «Aussi bien sur le chauffage, l’électricité que la mobilité, il faut au niveau belge des mesures ponctuelles et des mesures structurelles», résume-t-il. À court terme, «tous les présidents de parti vont dans le même sens, il faut maintenant fixer les montants». À plus long terme, les écologistes, aussi bien francophones que flamands, insistent sur l’importance de prévoir davantage d’aide pour isoler les habitations, le développement des alternatives à la voiture, l’accélération de la transition vers le renouvelable. «La question qui se pose aujourd’hui (d’une prolongation ou non de quelques réacteurs nucléaires), est limitée aux 10 ans à venir», affirme Jean-Marc Nollet. «L’horizon, le cap», reste le même: «100% renouvelable». Dans cette même ligne d’idée, Petra De Sutter plaide dimanche dans une communication pour une baisse des prix du transport en commun et pour une TVA minimum sur l’achat et l’installation de panneaux solaires, pompes à chaleur et chauffe-eau solaires, pour toutes les habitations (sans limitation liée à l’âge du bâtiment).
Si Jean-Marc Nollet ne se prononce pas contre une baisse des prix des carburants à la pompe à court terme, Petra De Sutter (Groen) a indiqué dans De Zevende Dag ne pas être favorable à la proposition de Vincent Van Peteghem, d’une baisse des accises au minimum sur les carburants. La baisse maximale des accises coûterait selon elle deux milliards d’euros par an et comporte un risque d’effets pervers, note-t-elle.