Deux ans plus tard, la mystérieuse disparition de Théo Hayez récapitulée devant un tribunal australien
La première audience de la coroner de Nouvelles-Galles du Sud dans le cadre de son enquête sur la disparition du voyageur belge Théo Hayez en Australie en 2019 a débuté au tribunal de Byron Bay lundi matin, avec un récapitulatif des preuves récoltées dans l’affaire.
Dans sa déclaration d’ouverture des deux semaines d’audience («coronial inquest»), Kirsten Edwards, l’avocate assistant la coroner Teresa O’Sullivan, a passé en revue l’ensemble des preuves liées à la disparition du jeune belge en mai 2019, à l’âge de 18 ans, dans cette cité touristique australienne.
De nombreuses interrogations
Elle a fourni une description détaillée du voyageur et de son tempérament, de son séjour en Australie, des jours et heures précédant sa disparition, de son comportement ce soir-là, de l’usage de son téléphone portable et de son itinéraire déduit des données de son portable dans la nuit du 31 mai au 1er juin 2019. Elle a appuyé ses propos d’images, vidéos de surveillance, et vues aériennes de la station balnéaire reprenant les différents endroits où le téléphone du jeune homme a été actif et détecté pour la dernière fois. Ces traces numériques ont notamment été compilées via les données de son compte Google récupérées ultérieurement par ses proches.
Elle a rappelé que la théorie de la police australienne était que le jeune Belge avait tenté d’escalader des falaises mais était tombé dans la mer et avait été emporté par les flots. Cependant, a noté l’avocate, la victime ou ses effets personnels n’ont jamais été retrouvés, hormis une casquette dans le bush environnant le 7 juillet de la même année. S’il est tombé dans l’eau comme la police l’affirme, son téléphone ne l’a pas accompagné, alors qu’un faible signal a encore été détecté l’après-midi du 1er juin, a pointé Mme Edwards.
Elle a encore avancé que rien ne suggérait que le voyageur était imprudent, impliqué dans des actes de violence physique, abusait d’alcool ou de drogue. Il ne présentait pas de problèmes légaux, professionnels ou financiers, ni de tendance suicidaire, a-t-elle aussi ajouté.
Résumant les interrogations en suspens «clés pour élucider la disparition» du touriste belge, l’avocate a formulé: «Est-ce que Théo était seul et perdu et tentait de rejoindre son auberge de jeunesse et est décédé par accident? Ou s’est-il dirigé vers la plage pour une certaine raison, seul ou accompagné? Ou a-t-il rencontré quelqu’un en route et dans ce cas pourquoi, et que s’est-il passé?».
Pas de témoignage d’enquêteurs belges
Elle a aussi vivement regretté que, bien que la police belge soit en mesure d’exploiter certaines données de géolocalisation (via «geofencing»), elle n’était pas habilitée à en partager les résultats avec l’enquête du coroner («coronial investigation») dans le cadre d’une affaire de disparition pour des raisons légales internationales (traité d’assistance légale mutuelle – MLAT). Dès lors, aucune déclaration ou aucun témoignage d’enquêteurs belges ne sera livré à ce stade lors des audiences.
L’intervention de l’avocate assistant la coroner a duré trois heures, en présence des proches du disparu et de leur avocat. Mme Edwards a ensuite invité la coroner à réaliser une visite informelle de l’auberge de jeunesse où Théo Hayez séjournait lors de sa disparition – et où ses bagages, dont son passeport, ont été retrouvés – et à emprunter l’itinéraire que le jeune homme a ensuite parcouru la nuit du 31 mai au 1er juin 2019 pour rejoindre Tallow Beach, à l’opposé de son auberge de jeunesse, depuis la boîte de nuit Cheeky Monkey.
Les audiences qui se dérouleront du 29 novembre au 10 décembre donneront entre autres la parole cette semaine à la cousine de Théo Hayez et son compagnon qui résident en Australie, à une touriste ayant séjourné dans le même dortoir que le Belge à Byron Bay, à un autre touriste ayant passé le début de soirée avec lui avant sa disparition, ainsi qu’à des représentants de l’auberge de jeunesse Wake-Up Hostel et de la boîte de nuit Cheeky Monkey. La semaine prochaine, d’autres proches s’exprimeront, ainsi que le détective en charge de l’enquête policière, les coordinateurs des recherches, des experts en données informatiques de la société de télécoms australienne Telstra et du bureau du coroner ainsi que des membres de la communauté de Byron Bay qui a déployé d’intenses efforts pour contribuer aux recherches.
Les constatations de la coroner dans le cadre de son enquête seront rendues ultérieurement, sans date annoncée à ce stade.