Drame de Strépy: Le chauffeur a reconnu la matérialité des faits, son avocat donne la version de son client

Deux jours après le drame qui a fait six morts et des dizaines de blessés à Strépy-Bracquegnies (Hainaut), les deux occupants de la voiture ayant foncé dans la foule ont été inculpés. Seul le conducteur, Paolo F., originaire de l’entité louviéroise, a été placé sous mandat d’arrêt. Le passager, Antonino F., a été libéré sous conditions.

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Rédaction en ligne avec Belga
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Les instances judiciaires montoises, le procureur du Roi Christian Henry, le procureur général Ignacio de la Serna et le substitut Damien Verheyen, ont précisé mardi à Mons, que «le conducteur a reconnu la matérialité des faits qui lui sont reprochés, dont la vitesse excessive».

Les premiers éléments de l’enquête ont permis de constater que le véhicule roulait à une vitesse excessive, soit 90 km/h dans une zone limitée à 50 km/h. Le véhicule a freiné avant le choc, les enquêteurs ont pu observer l’allumage des feux de freinage arrière. «Paolo F. reconnaît avoir roulé à une vitesse supérieure à la vitesse autorisée dans la rue des Canadiens, où s’est produit le drame», a indiqué le substitut Damien Verheyen. «Il reconnaît avoir été surpris par le groupe de gilles. Il explique avoir poursuivi sa route sur plusieurs centaines de mètres par l’état de choc dans lequel il se trouvait». Au moins un corps d’une victime se trouvait à l’intérieur du véhicule après la collision, ont précisé les instances judiciaires.

Le conducteur et son passager étaient en état de choc après les faits. L’un d’eux a affirmé avoir appelé sa mère. «Les analyses du relevé des appels doivent encore être analysées», ont ajouté les instances judiciaires montoises.

Pas de stupéfiants

«L’éthylomètre effectué dimanche a révélé dans le chef du conducteur un taux d’alcool de 0,29 mg/l, ce qui constitue un faible dépassement de la limite autorisée», a encore précisé le substitut Verheyen. «Le test salivaire destiné à donner une indication sur une éventuelle consommation de stupéfiants s’est révélé négatif. Il faudra toutefois attendre plusieurs jours avant de recevoir les résultats des analyses sanguines complètes pour établir définitivement si le conducteur avait consommé, ou non, des stupéfiants».

Le chauffeur, Paolo F., a été inculpé d’homicide involontaire et de coups et blessures involontaires résultant d’un accident de la route. Il a été placé sous mandat d’arrêt et écroué à la prison de Tournai. Il avait été déchu du droit de conduire en 2017. «Il n’est pas légalement récidiviste», a indiqué le parquet de Mons.

«La loi établit une récidive spécifique si, dans les trois ans d’une condamnation, on commet des infractions de même nature», a précisé Christian Henry, procureur du Roi de Mons. «En l’espèce, il y a cinq ans qu’il a été condamné et donc, légalement, il n’y a pas de récidive. Tout ce que l’on peut dire c’est que, ce qui sera pris en compte par le juge est que l’intéressé a des antécédents spécifiques».

Son avocat réagit

Le conducteur se présente, par ailleurs, sur les réseaux sociaux comme étant un adepte de la vitesse. «Lorsque le juge devra indiquer la sanction, il prendra en compte tout ce qui se trouve dans le dossier, dont des extraits de réseaux sociaux parus dans la presse», a précisé le procureur du Roi de Mons. La chambre du conseil doit se prononcer dans les cinq jours sur son éventuel maintien en détention pour un mois.

Interrogé par la RTBF, Frank Discepoli, avocat de Paolo F., a donné la version de son client. Selon lui, ce dernier parlait avec son passager au moment du drame. «Il me dit ’je suis face à un mur, je ne comprends même pas ce que j’ai en face de moi’. Et puis là, en quelques secondes, il est face à un drame, même pour lui: à l’intérieur de son véhicule, les vitres explosent, il y a deux personnes qui sont entrées dans l’habitacle, il ne s’en est même pas rendu compte, il y avait une personne à côté de lui, le pare-brise a explosé, lui-même était rempli de sang car sa tête était venue heurter le pare-brise, il ne voyait rien, il entendait des hurlements, il entendait des coups sur son véhicule, il n’imaginait même pas à ce moment-là qu’il se retrouvait dans un carnaval», a-t-il indiqué.

Une version qui contredit celle de l’avocat du passager qui expliquait que son client dormait au moment du drame.

Le passager libéré sous conditions

Son passager justement, Antonio F., a pour sa part été inculpé de non-assistance à personne en danger et remis en liberté sous conditions, notamment de s’abstenir de tout contact avec Paolo F., avec les victimes ou leurs proches ainsi qu’avec la presse.

Les instances judiciaires montoises ont précisé que de très nombreux devoirs, tant à charge qu’à décharge, doivent encore être effectués, notamment, l’extraction et l’analyse des données du véhicule, l’expertise en roulage, la vérification des conditions de visibilité ou encore l’analyse du dispositif de l’encadrement du carnaval dont les organisateurs avaient sollicité et obtenu une autorisation communale.

Le bilan du drame de Strépy-Bracquegnies n’a pas évolué: on dénombre toujours six décès et 39 blessés.