En cas de guerre chez nous, la Belgique peut-elle mobiliser sa population? Qui serait appelé en premier?
En difficulté sur le terrain, le président russe Vladimir Poutine a ordonné, le 21 septembre dernier, la « » de ses réservistes. Moscou espère ainsi recruter près de 300.000 hommes pour combattre en Ukraine, cherchant la parade à la contre-offensive des troupes ukrainiennes qui ont, fortes des livraisons d’armes occidentales, repris des milliers de kilomètres carrés de territoire début septembre.
En théorie, cette mobilisation ne concerne pour l’instant que les réservistes, soit les personnes ayant une expérience militaire ou les compétences recherchées. Mais la réalité est tout autre: de nombreux cas de mobilisation de personnes âgées, malades ou sans expérience ainsi que des étudiants ont été recensés. C’est pourquoi depuis l’annonce du Kremlin un vent de panique souffle sur le pays. De nombreux Russes ont choisi de fuir et les liaisons aériennes ont été prises d’assaut.
Face à cette actualité, de nombreux Belges se sont posé la question: en cas de guerre, qui pourrait être mobilisé chez nous?
Des professionnels au front
Contrairement à la Russie (ou à l’Ukraine), le service militaire n’est plus obligatoire chez nous depuis sa suspension en 1995. Si le pays entrait en guerre, c’est d’abord sur son armée composée de militaires professionnels que la Belgique compterait. En 2021, notre Défense rassemblait près de 25.000 militaires en service actif, répartis en quatre composantes (Terre, Air, Marine et Médicale).
Outre ces effectifs, elle comptait également 5878 réservistes dont 2540 dans la réserve entraînée et 3338 dans la réserve non entraînée. En cas de crise, de guerre ou de mobilisation, ces réservistes seraient donc les premiers à être appelés en renfort.
En cas de guerre, le ministre de la Défense peut par ailleurs soumettre ces réservistes à l’obligation de ne pas quitter le territoire.
Quid des citoyens?
Et si les choses venaient à se corser, la Belgique pourrait-elle mobiliser ses civils? Certains pourraient se porter volontaires. Mais l’État belge peut-il contraindre ses citoyens à prendre part au conflit armé?
En cas de guerre, c’est l’arrêté-loi relatif à l’état de guerre et à l’état de siège (datant de 1916) qui serait de nouveau en vigueur. En vertu de cette législation, la Belgique pourrait décréter la mobilisation. Néanmoins, «les réquisitions de personnes ne sont faites qu’en cas d’insuffisance d’engagements volontaires», précise le texte.
«Les civils réquisitionnés ou les nouveaux militaires ne seraient bien sûr pas en première ligne, là où il y a des technologies à maîtriser. Ils seraient par exemple déployés dans des unités médicales ou chargés d’une défense de zone», indiquait dans les colonnes de la Dernière Heure André Dumoulin, spécialiste de la défense européenne et chargé de recherches associé à l’Institut royal de défense.
Un retour du service militaire?
Une subtilité à noter toutefois: la Belgique n’a jamais définitivement tiré un trait sur le service militaire obligatoire: il n’a pas été supprimé mais suspendu. La restauration de la conscription obligatoire fait d’ailleurs régulièrement l’objet de débats dans le pays.
En cas de guerre, un retour du service militaire obligatoire ne peut donc pas être totalement exclu, même si, pour l’heure, ce n’est pas à l’ordre du jour. En revanche, d’ici l’année prochaine, un service militaire volontaire (ou «service d’utilité collective») devrait voir le jour pour les jeunes dès 18 ans.