Faut-il craindre une pénurie de gaz en Belgique et en Europe à cause du conflit en Ukraine?
Avec l’aggravation du conflit dans l’est de l’Ukraine avec la Russie, faut-il craindre des soucis d’approvisionnement en gaz pour l’Europe?
Malgré l’aggravation du conflit dans l’est de l’Ukraine avec la Russie, la Commission européenne ne s’attend pas à de graves soucis d’approvisionnement en gaz pour l’Europe. «Nous ne sommes pas dans une situation où, du jour au lendemain, nous nous retrouverions sans gaz», a assuré mardi un porte-parole de l’exécutif européen.
La Russie pourrait fermer des robinets gaziers
La reconnaissance par Moscou de l’indépendance des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk (est de l’Ukraine), ainsi que l’envoi annoncé de forces russes, déclenchaient mardi une série de sanctions de la part de l’Occident. Une riposte russe n’est pas exclue. Elle pourrait passer par la fermeture, partielle ou totale, des robinets gaziers vers l’Europe, encore qu’une telle mesure en coûterait aussi à Moscou.
L’Europe a des alternatives
Interrogée mardi lors du point presse quotidien, la Commission a rappelé que les réserves de gaz en Europe étaient actuellement remplies à 30% des capacités. Plusieurs pays approchés ces derniers mois par l’UE en raison des tensions russo-ukrainiennes seraient prêts à fournir du gaz naturel liquéfié, comme l’Azerbaïdjan, l’Égypte, le Nigeria ou la Norvège, d’autres (Japon, Corée du Sud) pourraient rediriger vers l’Europe des méthaniers qui leur sont destinés. Le week-end dernier, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen avait encore affirmé que l’UE pouvait passer le reste de l’hiver sur ses réserves de gaz, même si les fournitures en provenance de Russie s’arrêtaient.
L’UE couvre près d’un quart (24%) de ses besoins en énergie grâce au gaz, dont 90% environ est importé. De ces importations, 40% proviennent du géant russe Gazprom.
La mise en service du nouveau gazoduc Nord Stream 2 suspendue
L’Allemagne, par la voix de son chancelier Olaf Scholz, a annoncé mardi la suspension de la mise en service du nouveau gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne, ce qui n’a pas d’impact sur l’approvisionnement puisqu’il ne fonctionnait pas encore. Washington, qui avait multiplié les pressions sur Berlin, a «salué» cette décision, tandis que l’ancien président russe Dmitri Medvedev s’en moquait: «bienvenu dans le meilleur des mondes, où les Européens devront bientôt payer 2.000 euros pour mille mètres cubes de gaz», a-t-il écrit sur Twitter.
Le gaz naturel se négocie actuellement autour de 80 euros/MWh en Europe, à la suite des fortes tensions autour de l’Ukraine, soit quelque 830 euros pour mille mètres cubes.
Et pour la Belgique?
Dans ses importations gazières, la Belgique est dépendante à hauteur de 3 à 4% du gaz russe. L’importation de gaz russe ne représentait que 2,1% de la demande domestique en Belgique en 2020, a indiqué mardi la ministre de l’Energie, Tinne Van der Straeten, en réponse à des questions en commission de la Chambre. En 2018 et 2019, cette proportion s’élevait respectivement à 0,8% et 3,5%.
La Belgique est toutefois une plaque tournante du transit de gaz en Europe, venant notamment de la Russie, par les activités de terminal au port de Zeebrugge. Le port flamand s’est notamment spécialisé dans les activités de transbordement particulièrement intéressantes pour les méthaniers brise-glace venant de Russie et qui ne sont pas adaptés pour la navigation dans des eaux moins septentrionales.
«Le gaz russe joue un rôle mineur dans notre approvisionnement et de nombreuses autres routes et producteurs sont possibles. La perte de l’import russe mettrait toutefois le marché européen sous tension. Cela pourrait avoir pour conséquence de faire encore augmenter les prix. Rien n’indique cependant aujourd’hui que cela pourrait compromettre la sécurité de l’approvisionnement belge», a expliqué Mme Van der Straeten.
Les capacités d’importation et de transit de gaz naturel de la Belgique dépassent largement ses besoins. «Un tiers de notre capacité totale d’import est suffisante pour notre demande domestique. Même si les importations venant de Russie sont complètement arrêtées, notre capacité d’importation et de transport serait suffisante pour couvrir notre demande propre et venir en aide à nos voisins si nécessaire», a encore assuré Mme Van der Straeten.