Faut-il supprimer les dates de péremption des produits alimentaires?

A l’étranger, pour lutter contre le gaspillage alimentaire, de plus en plus de supermarchés suppriment les dates limites de consommation sur certains produits frais. La Belgique va-t-elle suivre le mouvement?

par
Thomas Wallemacq
Temps de lecture 4 min.

Chaque année, dans l’Union européenne, 153,5 millions de tonnes de nourriture finissent à la poubelle. À l’échelle nationale, chaque Belge jette tous les ans 345 kg de nourriture. Cela fait de notre royaume le deuxième plus mauvais élève européen en la matière, juste derrière les Pays-Bas. Les aliments les plus jetés sont les restes des repas, les fruits, les légumes et le pain.

La différence entre DLC et DDM

Pour lutter efficacement contre le gaspillage alimentaire, il est important de connaître la différence entre la Date Limite de Consommation (DLC) et la Date de Durabilité Minimale (DDM). Selon la Commission européenne, un peu plus de la moitié des consommateurs européens ignore la signification de la mention «à consommer de préférence avant le». «Souvent mal comprises, les dates de péremption sont responsables de 20% du gaspillage alimentaire», estime l’application anti-gaspi Too Good To Go. C’est ainsi que chaque année des millions de tonnes d’aliments encore consommables finissent à la poubelle. Quel gâchis!

La DLC, qu’on retrouve inscrit sur les emballages sous la forme «à consommer avant le» ou «jusqu’au», est la date jusqu’à laquelle un aliment peut être consommé. Elle se retrouve notamment sur la viande et le poisson. Cette date doit être respectée pour éviter tout risque pour la santé.

Il y a bien plus de marge avec la DDM, traduite sur les emballages par la mention «à consommer de préférence avant le». En effet, ces aliments peuvent encore être consommés une fois la date passée. Il suffit de faire preuve de bon sens et de faire appel à ses sens en cas de doute. (voir encadré)

Des enseignes prennent les devants

C’est donc avec cette notion de la Date de Durabilité Minimale que les supermarchés ont une marge de manœuvre pour réduire le gaspillage alimentaire. Et certains l’ont bien compris. Depuis le mois de septembre, la chaîne britannique de supermarchés Waitrose a ainsi décidé de retirer les dates de consommation recommandée sur près de 500 produits.

«Nous estimons que la suppression des dates sur les fruits et légumes frais pourrait sauver l’équivalent de 7 millions de paniers de nourriture de la poubelle», estime Waitrose. Cela fait déjà quelques années que les choses bougent de l’autre côté de la Manche. Dès 2018, Tesco avait supprimé les dates de consommation recommandée sur une centaine de produits. Marks & Spencer a récemment fait de même sur 300 références.

Cette année, la chaîne de supermarchés Morrisons est allée plus loin en supprimant la date limite de consommation sur 90% de son lait de marque distributeur.

Et en Belgique?

Où en sont les supermarchés belges en la matière? «Nous nous penchons depuis plusieurs années sur le sujet et suivons au plus près les évolutions. Nous avons retiré depuis 2018 la date de durabilité minimale (DDM) sur nos marques propres sur les catégories de produits où la législation n’oblige pas de date de péremption. Il s’agit notamment du vinaigre, sel, sucre, bonbons, fruits et légumes préemballés non traités…», nous explique Siryn Stambouli, porte-parole de Carrefour Belgique. «Nous avons cette marge de manœuvre uniquement sur nos produits en marque propre et nous montrons nos initiatives à nos fournisseurs pour qu’ils se rendent compte que le marché évolue dans cette direction. Nous les encourageons à indiquer d’emblée une DDM la plus longue possible.»

«Il s’agit d’u ne évolution qui va parfaitement dans le sens du pilier ‘réduction du gaspillage alimentaire’ de notre plan de durabilité Lion’s footprint», nous indique de son côté Karima Ghozzi, porte-parole de Delhaize. «Nous y accordons donc toute notre attention mais il faut évidemment que cela soit validé par les autorités compétentes afin que la sécurité de nos clients soit garantie.»

Si les choses semblent avancer dans le bon sens, une chose est sûre: la disparition de la date limite de consommation sur les briques de lait dans les supermarchés belges, ce n’est pas (encore) pour demain!