Fin de l’opération Red Kite à Kaboul: «Il y avait un risque d’attentat suicide»
Le gouvernement a décidé de mettre un terme aux évacuations depuis l’aéroport de Kaboul. Ce jeudi, une conférence de presse a lieu pour donner les détails de cette décision et des opérations.
L’opération belge «Red Kite» (cerf-volant rouge) a permis d’évacuer 1.400 personnes de Kaboul vers la capitale pakistanaise Islamabad, a indiqué jeudi le Premier ministre, Alexander De Croo, au cours d’une conférence de presse.
L’opération a été qualifiée de «succès» par le chef du gouvernement entouré des ministres des Affaires étrangères et de la Défense, Sophie Wilmès et Ludivine Dedonder, et du secrétaire d’Etat à l’Asile, Sammy Mahdi. Elle a mobilisé des centaines de personnes, diplomates, militaires et personnel administratif, à Kaboul, Islamabad et en Belgique.
Risques d’un attentat-suicide
La fin de la première phase de l’opération lancée il y a dix jours était imminente, les États-Unis ayant préféré ne pas prolonger la sécurisation de l’aéroport de la capitale afghane au-delà du 31 août. Le gouvernement belge a décidé mercredi soir de suivre le mouvement entamé par d’autres pays européens en raison d’informations venant des Etats-Unis et d’autres partenaires sur les risques encourus à l’aéroport de Kaboul, notamment celui d’un attentat-suicide. Les autorités belges sont restées discrètes sur l’origine de cette menace. La cheffe de la diplomatie belge, Sophie Wilmès, a toutefois rappelé la présence du groupe terroriste Etat islamique dans le pays. Par ailleurs, dans la ville, la situation s’est aussi considérablement dégradée. Des nombreux tirs ont été entendus. Dans cette mesure, la sécurité du personnel militaire et consulaire sur place ne pouvait plus être garantie.
Chiffres incertains
Les chiffres de l’opération sont provisoires. Sur les 1.400 personnes évacuées, on en compte 1.100 sous responsabilité belge - des Belges et leurs ayant-droits, c’est-à-dire la famille nucléaire, mais aussi des personnes que la Belgique a décidé d’évacuer parce qu’elles courent un grand danger - et 300 sous responsabilité d’autres Etats, en particulier les Pays-Bas et le Luxembourg avec lesquels la Belgique a coopéré de près ainsi que d’autres pays partenaires. En six jours, les trois avions C-130 de la Défense ont effectué 23 rotations entre Islamabad et Kaboul.
Le nombre de personnes qui n’ont pu être évacuées demeure incertain. En comptant large, le département des Affaires étrangères a identifié 114 personnes dont on n’est pas certain qu’elles ont pu quitter Kaboul. Jusqu’à présent, il a reçu 12 réponses. Des questions se posent notamment sur le sort de Belges qui avaient pris place dans un bus dont le déplacement était organisé par des pays partenaires. Il transportait au total environ 250 personnes qui auraient été sorties du véhicule et dispersées dans la foule en arrivant à l’entrée de l’aéroport contrôlée par les talibans. Il n’est pas non plus exclu que des personnes se manifestent dans les jours qui viennent. D’autres encore ont décidé de rester dans le pays parce qu’elles ne veulent pas abandonner leur famille.
Quatre contrôles
Les personnes évacuées font l’objet de quatre contrôles: de la part de l’Organe de Coordination et d’Analyse de la Menace (OCAM), de la Sûreté de l’Etat, du SGRS (renseignement militaire) et de la police belge.
La suite de l’opération n’est pas encore décidée. Des moyens militaires restent déployés à Islamabad. «Si les évacuations sont terminées à Kaboul, cela ne veut pas dire que c’est la fin du soutien que l’on donne aux gens qui sont en Afghanistan. Nos équipes à Islamabad continuent à tout faire pour soutenir au maximum ceux qui ont besoin d’aide», a assuré M. De Croo.