Il y a six ans, deux attentats jetaient la Belgique dans l’effroi
Le 22 mars 2016, il y a six ans, la Belgique se retrouvait tétanisée par deux explosions qui frappèrent à quelques minutes d’intervalle l’aéroport national et le métro de la capitale, à deux pas du coeur des institutions européennes. Deux attentats sont perpétrés, visant le pays dans sa chair, à l’aéroport de Bruxelles et dans la station de métro Maelbeek. Trente-deux personnes sont tuées dans cette double explosion et plus de 300 blessées.
Ce seront les pires attentats de l’histoire du pays en période de paix. Le mardi 22 mars 2016, Ibrahim El Bakraoui, 29 ans, Najim Laachraoui, 24 ans, et Mohamed Abrini, alors âgé de 31 ans, embarquent à Schaerbeek dans un taxi à destination de Brussels Airport, à Zaventem. Leurs bagages sont remplis d’explosifs.
Peu avant 08h00, Ibrahim El Bakraoui et Najim Laachraoui se font exploser dans le hall des départs de l’aéroport de Bruxelles. Mohamed Abrini, lui, est propulsé par le souffle des déflagrations et ne parvient plus à revenir près de sa charge. Il finira par abandonner son sac rempli d’explosifs et s’enfuira pour retourner à pied à Schaerbeek. Dans le hall des départs, c’est la panique. Seize morts seront dénombrés au total.
Une heure plus tard, à 09h11, Khalid El Bakraoui, 27 ans, frère d’Ibrahim, se fait exploser dans une rame de métro qui vient de quitter la station Maelbeek, située à proximité du quartier européen de Bruxelles. Le métro était bondé de passagers qui se rendent au travail. Au total, 16 personnes ont perdu la vie dans cette attaque.
Bruxelles bloquée
Le niveau de la menace est élevé à son maximum, au niveau 4, par l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace (Ocam). Les Belges sont invités à rester chez eux. Les autorités demandent à la population d’éviter d’utiliser le réseau téléphonique, saturé, pour faciliter le travail des services de secours.
Les transports en commun bruxellois sont fermés, la capitale est bloquée par le va-et-vient des ambulances et des véhicules des équipes des services de secours, déployées largement face à ces attaques sanglantes. Les sirènes retentissent de manière continue dans la ville. Les blessés sont emmenés dans les hôpitaux bruxellois mais aussi ailleurs en Belgique. Des corbillards évacuent les corps.
Des files s’étendent devant les gares, la police conseille de postposer son départ. Après les attentats, les accès aux gares seront restreints, certains arrêts de métro ne seront plus desservis. Le chauffeur de taxi qui a conduit les trois terroristes à Zaventem se rend le matin même à la police. Grâce à ses déclarations, les enquêteurs perquisitionnent la planque du groupe de l’aéroport, située rue Max Roos à Schaerbeek, et mettent la main sur du matériel servant à fabriquer des explosifs.
«L’homme au chapeau»
Le jour des attentats, dans l’après-midi, un avis de recherche pour retrouver «l’homme au chapeau» est diffusé, il s’agit de Mohamed Abrini qui sera interpellé le 8 avril à Anderlecht. Il était déjà recherché dans le cadre des attentats de Paris.
Ce même 8 avril, Osama Krayem sera également appréhendé par la police. Sur des images de vidéosurveillance, on l’aperçoit en compagnie de Khalid El Bakraoui dans la station de métro Pétillon, quelques minutes avant l’attentat de Maelbeek. Lui aussi devait se faire exploser, mais il y renoncera à la dernière minute, avant de dissoudre les explosifs dans la cuvette des toilettes de la planque du groupe du métro, située dans l’avenue des Casernes, à Etterbeek.
Les attentats les plus sanglants en Belgique sont revendiqués par l’Etat islamique. Quelques jours avant ces attentats, le 18 mars, Salah Abdeslam, l’un des terroristes les plus recherchés en Europe pour son implication dans les attentats de Paris, avait été arrêté à Molenbeek après une longue cavale de plus de quatre mois.
La Belgique se trouvait déjà en proie au risque depuis les attentats de Charlie Hebdo à Paris en janvier 2015. Ce n’est qu’en septembre 2021 que l’armée met fin à l’opération Vigilant Guardian (OVG) en soutien à la police fédérale, qui aura mobilisé des milliers d’hommes et de femmes pour sécuriser les rues des grandes villes, les gares, les aéroports, les ambassades de pays «sensibles» et des sites nucléaires.
Début du procès en octobre
Le procès des attentats de Bruxelles devrait démarrer en octobre prochain sur l’ancien site de l’Otan à Haren, dans la foulée du procès des attentats de Paris organisés pour partie par les mêmes protagonistes. Dix accusés comparaîtront devant la Cour d’assises face à un millier de parties civiles parmi lesquelles des victimes survivantes, des membres des familles de victimes décédées. Quelque 300 personnes se sont également manifestées comme parties lésées.
Fin 2017, une commission d’enquête parlementaire a recommandé une meilleure intégration des plans d’urgence, une réforme des services de renseignement, la création d’un guichet unique pour les victimes ainsi que la rupture de la concession accordée à l’Arabie saoudite pour la Grande Mosquée de Bruxelles.
Fin 2021, 58,8 millions d’euros avaient déjà été versés aux victimes des attentats du 22 mars 2016 à Zaventem et Maelbeek, selon la fédération sectorielle Assuralia. Malgré les indemnisations versées, de nombreuses victimes des attentats de Bruxelles doivent encore se battre pour espérer en obtenir une, affirme de son côté l’AISBL Life4Brussels, qui soutient les victimes des attentats de Bruxelles et Zaventem.