La Belgique impuissante face à une bombe nucléaire: «Nous ne disposons pas de notre propre système de défense aérienne»

Ces dernières semaines, la menace nucléaire a été brandie à plusieurs reprises par Vladimir Poutine, rendant la peur d’une bombe atomique concrète. La Belgique pourrait-elle prévenir une bombe nucléaire? Absolument pas, selon deux experts en la matière…

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Nos confrères de «Het Laatste Nieuws» ont interrogé deux experts en matière d’armement nucléaire afin de savoir si la Belgique pourrait se défendre face à une bombe nucléaire lancée par la Russie. Roger Housen, ancien colonel et spécialiste à la Défense, explique: «La Belgique ne dispose pas de son propre système de défense aérienne contre les armes nucléaires.»

Des défenses insuffisantes

«Pendant la guerre froide, notre pays faisait partie du NATINAD, la défense aérienne intégrée de l’OTAN, une ceinture de missiles anti-aériens déployée dans tous les pays de l’OTAN le long du rideau de fer. Notre pays avait des missiles anti-aériens Hawk. Le NATINAD avait pour but d’éliminer les missiles et les avions en approche. À la fin de la guerre froide, tout le système a été démantelé et la Belgique n’y a plus participé depuis. D’autres pays ont encore des systèmes de défense. L’Allemagne et les Pays-Bas, par exemple, disposent des systèmes mobiles de défense aérienne Patriot, devenus célèbres lors de la première guerre du Golfe, mais qui ont évidemment été fortement modernisés entre-temps», poursuit-il.

Même son de cloche du côté de Tom Sauer, professeur de sécurité internationale (Université d’Anvers): «La technologie n’est absolument pas encore prête pour cela. Une bombe nucléaire vole beaucoup trop vite: 7 kilomètres par seconde. De plus, une telle bombe est accompagnée de plusieurs leurres, des matériaux qui volent à la même vitesse devant et à côté de la bombe. La technologie est loin d’être assez rapide pour retirer ces leurres de l’air et déterminer exactement la nature de la bombe. Conclusion: un tel système intercontinental ne fonctionne pas. Seul un système à plus petite échelle comme celui d’Israël, le fameux Dôme, fonctionne.»

Bruxelles peut-elle être ciblée?

Reste à savoir si la Russie pourrait bel et bien passer à l’acte et frapper le siège de l’Otan, situé à Bruxelles. «L’OTAN comme cible? Cette hypothèse suppose la première utilisation d’armes nucléaires par les Russes, mais elle est en totale contradiction avec la doctrine russe de désarmement stratégique», dit-il. Les Russes n’ont pas du tout l’intention de recourir à une «première utilisation», à moins que la survie de l’État russe ne soit menacée. En d’autres termes, ce n’est que lorsqu’il y aura une attaque sur Moscou, sur le Kremlin, que la Russie utilisera des armes nucléaires. C’est ce que le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a répété il y a deux jours. Dans toutes les conversations informelles que j’ai eues avec des responsables politiques russes, le même message revient toujours: notre stratégie consiste à n’utiliser les armes nucléaires que lorsque l’avenir de la Russie est en jeu», tempère Tom Sauer.