La pandémie de Covid-19 a accru les inégalités et enrichi les plus fortunés
Les inégalités contribuent à la mort d’au moins 21.000 personnes par jour, soit une toutes les quatre secondes, alors que, dans le même temps, la fortune des dix hommes les plus riches du monde a doublé pendant la pandémie, ressort-il du nouveau rapport d’Oxfam.
«Les inégalités tuent», publié lundi en marge des sessions en ligne du Forum économique mondial de Davos. «Ces chiffres sont établis sur la base d’estimations prudentes du nombre de décès dus au manque d’accès aux services de santé, aux violences basées sur le genre, à la faim et au dérèglement climatique», note l’ONG dans un communiqué.
Alors que 99% de la population mondiale a vu baisser ses revenus à cause de la pandémie de Covid-19, la fortune des dix hommes les plus riches au monde a plus que doublé pendant les deux premières années de la pandémie, passant de 700 milliards de dollars à 1.500 milliards de dollars. Et ce au rythme effréné de 15.000 dollars par seconde, soit 1,3 milliard de dollars par jour. Il s’agit la plus forte augmentation jamais enregistrée depuis que ce type de données est recensé. «Si ces dix hommes perdaient demain 99,999% de leur fortune, ils seraient toujours plus riches que 99% de toute l’humanité», relève Eva Smets, directrice générale d’Oxfam Belgique.
L’ONG note en outre que si les dix hommes les plus riches du monde, parmi lesquels on compte notamment Bill Gates (fondateur de Microsoft), Jeff Bezos (fondateur d’Amazon) et Bernard Arnault (PDG du groupe de luxe LVMH), étaient taxés à 99% de leurs richesses, ils posséderaient encore collectivement près de 8 milliards de dollars. «Le montant collecté serait suffisant pour financer les vaccins nécessaires à la population mondiale, une protection sociale, un accès universel à la santé, l’adaptation au changement climatique et la réduction des taux de violence basées sur le genre dans plus de 80 pays», souligne Oxfam. À l’échelle de la Belgique, les 1% les plus riches possèdent maintenant 15% des richesses – c’est plus que la fortune cumulée des 50% les moins riches.
Les femmes perdantes
Face à ce constat, Oxfam s’inquiète de l’accroissement des inégalités à l’échelle mondiale durant la pandémie et constate que les groupes les plus touchés sont les femmes et les groupes racisés. «Collectivement, les femmes ont perdu 800 milliards de dollars de revenus en 2020», déplore l’ONG. «En tout, 13 millions de femmes de moins travaillent aujourd’hui par rapport à 2019. Les vagues de Covid-19 entraînent des pics de violences basées sur le genre, alors même que le poids sur les femmes et les filles du travail de soin non rémunéré a augmenté.» Et de rappeler qu’en Belgique, les familles monoparentales, constituées à 80% de mères isolées, sont les plus à risque de tomber dans la pauvreté. Oxfam souligne par ailleurs que la proportion de personnes contaminées qui meurent des suites du virus est environ deux fois plus importante dans les pays dits «en développement» que dans les pays riches.
Pour changer cette situation, Oxfam a rédigé une série de recommandations adressées aux gouvernements qui comprennent, notamment, la mise en place d’un impôt permanent sur la fortune et le capital ainsi que l’investissement des milliards récoltés par ces impôts dans la protection sociale, une santé universelle, l’adaptation au changement climatique et la prévention des violences basées sur le genre. «La Belgique doit avoir une stratégie explicite pour lutter contre les inégalités et prévenir les violences quelles qu’elles soient, sur son territoire et dans sa coopération au développement», préconise également Oxfam.
Enfin, l’organisation plaide pour une levée des brevets portant sur les vaccins contre la Covid-19 afin de permettre une accélération de la vaccination dans les pays «en développement».