«Le lundi 12 juillet, on savait qu’on allait être confronté à un épisode pluvieux extrême», selon ce climatologue
Le lundi 12 juillet à 00h00, «tous les modèles étaient d’accord. On savait qu’on allait être confronté à un épisode pluvieux extrême dans les Ardennes» et qu’il y aurait des inondations, a affirmé Xavier Fettweis, le directeur du laboratoire de climatologie de l’ULiège, lors de son audition, jeudi, devant la commission d’enquête parlementaire sur les inondations de la mi-juillet.
«Il est tombé en quelques jours deux fois ce qu’il tombe en moyenne sur tout le mois de juillet. Le lundi, tous les modèles prédisaient cet épisode pluvieux très important. Pourquoi aucune alerte rouge n’a-t-elle émise par l’IRM? Parce que ces dernières ne peuvent être lancées que 12 heures avant l’événement», a-t-il expliqué. Il faudra finalement attendre le 14 juillet à 09h00 pour qu’une alerte rouge soit décrétée.
Le réchauffement climatique en cause
«Sans le réchauffement climatique, on n’aurait pas connu un épisode d’une telle intensité», a poursuivi Xavier Fettweis devant la commission du parlement wallon. En ralentissant la dynamique atmosphérique qui empêche l’évacuation des zones de pluie et en provoquant des étés plus chauds, le réchauffement climatique favorise en effet les événements extrêmes, a-t-il détaillé.
«Les différents scénarios présentés par le GIEC suggèrent une multiplication de ce type d’intempéries dans les 10 à 30 ans à venir. Après, les étés seront trop secs et on sera confronté à d’autres problèmes, dont des canicules et des feux de forêt», a encore estimé le climatologue.
Autre question épineuse, à côté de celle des prévisions météorologiques: fallait-il vider le barrage d’Eupen? Interrogé par plusieurs parlementaires sur le sujet, Xavier Fettweis s’est montré réservé. «En septembre 1998, les barrages avaient été vidés au cours des intempéries et il y avait quand même eu des inondations. Ici, vider le barrage d’Eupen aurait peut-être permis de réduire les dégâts mais pas dans le bas de la vallée de la Vesdre, ni dans la vallée de la Hoëgne», a-t-il souligné.
«Il aurait été quasiment impossible de vider le barrage d’Eupen car il aurait fallu mettre la Vesdre en crue», a encore indiqué Xavier Fettweis selon qui il faudrait par contre réfléchir, pour le futur, «à dévier la Hoëgne vers un barrage et à permettre aux barrages de communiquer entre eux».
«Dans les décennies à venir, la sécheresse sera un plus gros problème que les inondations. On aura besoin d’eau» et donc de barrages, a-t-il conclu.
Le ruissellement étudié
Au terme de cette audition, c’est Aurore Degré, spécialiste de la physique des sols à Gembloux Agro-Bio Tech, qui a éclairé les parlementaires régionaux sur les échanges entre l’eau et le sol, et notamment sur le ruissellement.
La commission poursuivra ensuite son travail vendredi avec un représentant de l’EFAS (European Flood Awareness System), le système européen d’alerte aux inondations qui a envoyé, entre le samedi 10 juillet et le mercredi 14 juillet, 25 avertissements à tous les pays concernés par les intempéries, dont la Belgique.
David Dehenauw, chef du Service Scientifique Prévisions du temps à l’IRM et Philippe Dierickx, directeur de la Gestion hydrologique au sein du Service public de Wallonie (SPW), seront également entendus.