Le respect des droits humains par la Belgique reste toujours problématique, dénonce Amnesty

Amnesty International considère que de nombreux progrès doivent être réalisés en matière de respect des droits humains par la Belgique, fait notamment savoir mardi l’ONG à l’occasion de la publication de son bilan annuel de la situation des droits humains à travers le monde. Par ailleurs, Amnesty pointe qu’après avoir promis un redressement post-Covid-19 équitable, les dirigeants mondiaux se sont alliés aux multinationales pour accaparer le pouvoir et les richesses. L’ONG souligne aussi dans son rapport «l’échec monumental» de la communauté internationale face à «la multiplication des conflits» qui a ouvert la voie à de «nouvelles escalades».

par
Belga
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Parmi les points problématiques en matière de respect des droits humains en Belgique selon Amnesty International figurent les droits des personnes migrantes, particulièrement celles en situation irrégulière. «Les quelque 150.000 personnes migrantes en situation irrégulière présentes en Belgique étaient exposées à des mauvais traitements et des discriminations dans leur travail au sein de l’économie informelle, ainsi que dans leur accès au logement, à la santé, à l’éducation et à la justice», précise l’ONG, s’appuyant sur les constats des rapporteurs spéciaux des Nations unies.

«Les migrants qui sont entrés en grève de la faim en 2021 ont permis d’attirer l’attention du public sur le drame constant des personnes en situation irrégulière. Alors que leur situation est loin d’être résolue, nous demandons au gouvernement de ne pas oublier ses obligations à l’égard de ces personnes et rappelons qu’il est nécessaire de mettre en place une politique de régularisation claire, transparente et humaine, fondée sur des critères permanents et précis», explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

L’organisation insiste également sur la crise de la gestion de l’accueil des demandeurs d’asile, qui a contraint des dizaines d’entre eux à dormir dans la rue au cours des derniers mois de l’année 2021, car le nombre de demandes excédait les capacités d’accueil.

Le commerce d’armes à nouveau pointé du doigt

Parmi les autres points soulevés par Amnesty, on retrouve le profilage ethnique, la violence policière mais aussi la surpopulation dans les prisons. L’organisation de défense des droits humains regrette également que des transferts d’armes vers des pays risquant de les utiliser pour commettre des violations graves du droit international relatif aux droits humains et du droit international humanitaire se soient poursuivis, notamment des États appartenant à la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen.

«Le gouvernement wallon continue d’entretenir l’opacité en ce qui concerne le commerce des armes wallonnes, particulièrement les procédures d’octroi de licences d’exportation, empêchant de ce fait le Parlement et la société civile de jouer leur rôle de contrôle démocratique et adéquat sur ces exportations», déplore Philippe Hensmans.

Enfin, Amnesty International souligne des avancées, notamment en ce qui concerne la lutte contre les violences sexuelles: un Plan d’action national de lutte contre les violences basées sur le genre 2021-2025 a ainsi été adopté en novembre 2021. La Chambre des représentants a quant à elle adopté un nouveau Code Pénal Sexuel il y a moins de deux semaines.

Inégalités à travers le monde

Sur la scène internationale, l’ONG détaille qu’en 2021, «les pays riches se sont associés aux grandes entreprises pour duper les gens avec des slogans creux et de fausses promesses de reprise équitable à l’issue de la pandémie de Covid-19, commettant l’une des plus grandes trahisons de notre époque». «Ces États, aux côtés des multinationales, ont en réalité aggravé les inégalités mondiales», insiste Amnesty.

Cette dernière rappelle que «moins de 4% de la population des pays à faible revenu présentait un schéma vaccinal complet» à la fin 2021, et ce «malgré une production suffisante pour vacciner entièrement l’ensemble de la planète» en 2021. L’organisation regrette que «les pays riches tels que les États membres de l’UE, le Royaume-Uni et les États-Unis ont accumulé plus de doses de vaccin que nécessaire, tout en fermant les yeux lorsque les grands groupes pharmaceutiques ont fait passer les profits avant les personnes en refusant de partager leurs technologies pour accroître la distribution des vaccins».

En 2021, des conflits ont éclaté ou persisté en Afghanistan, au Burkina Faso, en Éthiopie, en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, en Libye, au Myanmar (Birmanie) et au Yémen, rappelle Amnesty. «L’échec mondial devant cette multiplication des conflits a semé une instabilité et une désolation croissantes. L’inefficacité de la réponse internationale à ces crises a été particulièrement visible au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, qui n’a pas réussi à agir contre les atrocités au Myanmar (Birmanie), les violations des droits humains en Afghanistan ou encore les crimes de guerre en Syrie. Cette inaction honteuse, la paralysie persistante des organes multilatéraux et l’absence de responsabilisation des grandes puissances ont contribué à ouvrir la voie à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui constitue une violation flagrante du droit international».