Le retour du service militaire en Belgique? «Ce n’est pas pour demain» mais…

Le débat sur une éventuelle réintroduction d’un service militaire obligatoire, suspendu en 1995, n’est pas d’actualité au sein de la Défense, faute de budget, d’infrastructure, de matériel et d’équipement, a indiqué samedi l’état-major de la Défense, après des propos du «patron» de l’armée, l’amiral Michel Hofman, tenus lors d’une émission à la RTBF.

par
Belga
Temps de lecture 3 min.

«Il faudra peut-être y réfléchir mais il est de toute façon impossible de le réintroduire demain ou dans un futur proche», a précisé l’état-major de la Défense.

La ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS), a pour sa part fait savoir samedi que «le service militaire n’est ni à l’ordre du jour aujourd’hui, ni sur la table».

«Il faut mener la réflexion»

Ces mises au point font suite aux propos tenus par le chef de la Défense (Chod), lors de l’émission «L’histoire continue» diffusée samedi matin par La Première (RTBF) et consacrée à la fin du service militaire obligatoire. Ce dernier avait été suspendu en Belgique «pour une durée indéterminée» par une loi de 1993. Mais ce n’était que le 9 février 1995 que le Conseil des ministres avait décidé de renvoyer dans leurs foyers dès le 1er mars suivant tous les miliciens encore sous les armes, mettant fin à 86 ans d’obligations militaires pour les jeunes gens.

«Je pense de toute façon que c’est une réflexion (sur la réintroduction d’un service militaire obligatoire) qui vaut la peine d’être menée vu la situation», avait affirmé l’amiral Hofman lors de cette émission, en faisant référence à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et aux décisions prises par certains pays (comme la Lettonie, en juillet dernier) de rétablir la conscription, ou de l’élargir, comme en Suède.

«On peut prendre les arguments de l’époque qui ont mené à la suspension pour éventuellement réintroduire un service militaire. Mais il faudrait tout de même prendre le temps de la réflexion», avait ajouté le Chod.

«La situation géopolitique, géostratégique actuelle fait qu’il y a un besoin éventuel ou potentiel en tout cas de devoir se défendre, peut-être pas sur le territoire national, mais au moins le territoire de l’Otan ou du continent européen et qui peut justifier éventuellement le besoin de rappeler des gens», avait encore dit l’amiral.

La possibilité de pouvoir faire appel à des réservistes pour gonfler les effectifs des forces armées, «cela a du sens», selon lui. «Et je pense également que le gros avantage également, c’est de maintenir un lien entre l’armée et sa Nation et d’augmenter l’adhésion autour de sa défense», a-t-il aussi fait valoir.

Interrogé sur la faisabilité d’un retour de la conscription, le Chod répond que c’est possible «dans les prochaines années, oui, mais demain non». Car il faut des budgets, l’équipement, l’infrastructure, le personnel pour encadrer tous ces jeunes».

Un service volontaire bientôt lancé

Mme Dedonder travaille à un plan destiné à mettre en œuvre un service d’utilité collective (SUC) sur base volontaire, une disposition imaginée en 2007 par le gouvernement Verhofstadt II mais jamais mise en œuvre. La législation existante devrait être adoptée d’ici la fin de l’année pour que le SUC puisse voir le jour en 2023, selon son cabinet.