Les Belges se sont montrés solidaires face au déluge
Les éditorialistes francophones se penchent jeudi sur les inondations exceptionnelles que subit la Belgique et sur les éléments qui y sèment «la mort et le chaos», comme le titre L’Avenir. Les journaux saluent la solidarité au sein du royaume et partagent le constat, annoncé, de la colère du climat.
«Cette catastrophe ne se passe pas au Bangladesh, en Grèce ou en Californie, mais à Pepinster, Trooz, Liège, Rochefort, Dinant. En l’état actuel des choses, les populations touchées ne peuvent que la subir, les forces de secours tenter de la contenir et d’en limiter les victimes autant que faire se peut. La solidarité doit jouer à plein», pointe Gilles Toussaint dans La Libre Belgique.
«Force est de constater que nous ne sommes pas prêts à affronter des épisodes météorologiques aussi extrêmes. Épisodes que les scientifiques nous prédisent plus fréquents et plus? extrêmes», constate-t-il. Il invite à «regarder la réalité en face»: «Nous devons, c’est incontournable, changer nos modes de vie - l’occupation des sols en fait partie. Trop d’énergie a été dépensée à trouver de mauvaises raisons de ne pas faire ce qui doit être fait.»
Sentiment de crainte
«La colère des éléments a un coût», relève aussi Serge Quoidbach dans L’Echo. «Face à notre fragilité, nous ne pouvons que réagir. Mais notre maîtrise des éléments devra passer par un autre coût, financier celui-là: celui de l’adaptation et de la transformation de notre société face à un changement climatique qui, d’année en année, se rappelle à nous de manière toujours plus régulière et intense», souligne-t-il.
«À côté de l’urgence à très court terme se manifeste aussi un sentiment de crainte pour un avenir un peu plus lointain», admet aussi Benjamin Hermann dans L’Avenir. «Il faut pouvoir entendre, aujourd’hui, des scientifiques tels que le climatologue Jean-Pascal van Ypersele marteler que le dérèglement climatique nous amènera de nouveaux extrêmes - canicules et intempéries - s’il n’est pas pris en compte à sa juste mesure», enjoint-il également.
Observation partagée par son confrère Demetrio Scagliola dans les éditions Sudpresse: «Dans cette course effrénée vers le profit et le progrès, qui résume bien notre modèle de société depuis quelques décennies, nous avons perdu de vue des valeurs essentielles. Nous avons oublié de prêter attention à ces scientifiques qui, depuis près de trente ans, nous annoncent le risque de phénomènes météorologiques extrêmes à répétition».
Alexis Carantonis, dans La Dernière Heure, ne peut que constater que «le ciel nous est donc tombé sur la tête (...) voilà que Dame Nature nous rappelle à quel point nous sommes les esclaves de ses sautes d’humeur». Eric Burgraff dans Le Soir invite toutefois à ne pas «tomber dans le piège facile de l’imputation sur autrui» mais de laisser «climatologues, météorologues, politologues et autres hydrologues analyser l’affaire avec raison, sans passion, dans un cadre certainement multifactoriel».
Impuissants mais solidaires
Les éditorialistes louent largement la solidarité et la bravoure face à l’urgence et l’impuissance, termes repris par les éditorialistes de L’Avenir et du Soir.
Eric Burgraff encore, dans Le Soir, salue «la solidarité entre communes, entre provinces, entre Régions d’un pays tellement déchiré par les nombrilismes qu’on en vient à se frotter les yeux pour y croire», ainsi que de celle parvenue de «par-delà les frontières» pour la petite Belgique. Mais surtout, il apprécie la solidarité observée «entre voisins, entre jeunes et plus âgés, entre bénévoles et employés de services de secours, entre scouts détrempés et villageois compatissants... C’est dans cette émotion collective que sont nées des vocations de héros du quotidien».
«Cette solidarité-là aura sauvé des vies et réconforté des êtres. Elle rassure, malgré tout, même dans la détresse»,conclut dans L’Avenir Benjamin Hermann.