Les écologistes contre la hausse du budget de la Défense proposée par M. De Croo

Les deux partis écologistes se sont déclarés, jeudi, fermement opposés à une hausse des dépenses de défense à hauteur de 2% du Produit intérieur brut (PIB) à l’horizon 2035, une proposition formulée par le Premier ministre Alexander De Croo.

par
Belga
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Ce refus a été exprimé par le coprésident d’Écolo, Jean-Marc Nollet, et par la présidente démissionnaire de Groen, Meyrem Almaci, dans des interviews séparées publiées par les journaux La Libre Belgique et De Tijd.

«Cette demande de surinvestissement est incompréhensible autant qu’inacceptable. Les finances belges ne sont pas capables d’absorber de telles dépenses sans mettre en danger les politiques sociales et environnementales existantes et celles nécessaires pour faire face à la crise. Vu les besoins, c’est indécent d’imaginer mobiliser autant d’argent pour la Défense», a affirmé M. Nollet.

«Tout ça pour atteindre un fétiche, ces fameux 2% de dépenses, qui n’a aucun sens. Donc, c’est non. Un accord est un accord. Les verts s’en tiennent à l’accord du 25 février» (entre les sept partis de la coalition Vivaldi), a ajouté le coprésident des écologistes francophones.

Nouveau plan

Le gouvernement avait approuvé, fin janvier, le plan STAR (pour «Sécurité, Technologie, Ambition, Résilience») proposé par la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS), qui prévoit de doter l’armée de nouveaux matériels, de haute technologie, pour la rendre «capable de faire face aux menaces actuelles et à venir».

Ce plan comprend aussi une trajectoire budgétaire en croissance jusqu’en 2030, avec l’objectif d’atteindre des dépenses militaires de 6,9 milliards d’euros – contre 4,2 cette année – soit 1,54% du Produit intérieur brut (PIB), là où l’Otan réclame de ses membres qu’ils y tendent vers les 2% en 2024. Cette année, la Belgique se situe, avec 1,07% du PIB, en antépénultième place du classement publié fin mars par l’Otan, devant l’Espagne (1,03%) et le Luxembourg (0,54%).

L’équipe De Croo a également approuvé fin mars, à la veille du dernier sommet de l’Otan, en raison de la guerre en Ukraine, un budget supplémentaire d’un milliard réparti sur les trois dernières années de la législature. Ces 450 millions d’euros en 2022 (soit 10% du budget annuel), 275 millions en 2023 et 275 en 2024 sont destinés à augmenter le niveau de préparation et de réactivité de l’armée.

Du «flou» pour Nollet

Et vendredi dernier, M. De Croo (Open Vld) a proposé en comité ministériel restreint («kern») que la Belgique s’engage à porter ses dépenses de défense à 2% de son PIB d’ici 2035 – soit la norme Otan – à l’approche du sommet atlantique prévu les 29 et 30 juin à Madrid, révélait mercredi ’La Libre’.

Selon une hypothèse de travail présentée par le chef du gouvernement, aucun nouvel effort ne serait demandé jusqu’en 2024, fin de la législature. Par contre, les dépenses militaires passeraient à 1,6% en 2030, puis 1,8% en 2033 et 2% en 2035. Cela représenterait au moins 10 milliards d’euros en plus.

Mais cette proposition, «c’est flou», a déclaré M. Nollet. «Notamment sur le financement de cette mesure. On ne sait pas comment on trouve cet argent, ni ce qu’on en fait. Une chose est claire: nos finances publiques sont fragiles, chaque dépense doit correspondre à une nécessité. Or, ici, ce n’est pas le cas», a-t-il dit en rappelant les quatre priorités d’Écolo: l’instauration d’un crédit d’impôt pour relever les bas et moyens salaires; l’accroissement de l’offre alternative à la voiture; le relèvement des allocations pour les personnes isolées; et le refinancement de la justice.

Mme Almacy a tenu le même raisonnement dans les colonnes du journal économique flamand ’De Tijd’. «Pour les écologistes de Groen et d’Ecolo c’est pour le moment clairement non», a-t-elle affirmé.

L’augmentation du budget de la défense à 2% du PIB conduirait à une hausse du budget annuel à 12,2 milliards d’euros en régime de croisière. Cela équivaudrait à un effort supplémentaire de 4,8 milliards d’euros par an, au lieu des deux milliards d’euros par an décidés fin février par le gouvernement fédéral, a calculé la présidente de Groen.

Mme Almacy estime que «ce n’est pas raisonnable», car les montants mettraient en péril la politique sociale et climatique.