Les enfants nés récemment subiront davantage les effets de la crise climatique que leurs grands-parents

Un enfant né après 2016 est susceptible de connaître sept fois plus de vagues de chaleur extrême au cours de sa vie que ses grands-parents. C’est ce que montre une étude qui, pour la première fois, examine les risques d’exposition des populations aux effets du changement climatique en fonction des générations.

par
AFP
Temps de lecture 3 min.

La situation climatique ne cesse de s’aggraver. Partant de ce constat, on peut en déduire qu’un enfant né au cours de ces dernières années (les enfants de la génération Alpha) subira davantage les effets de la crise climatique que ses aînés. Une recherche réalisée par une équipe internationale de scientifiques et publiée dans la revue Science le confirme.

L’analyse a montré que dans les conditions climatiques actuelles, les enfants et les nouveau-nés d’aujourd’hui vivront en moyenne 2,6 fois plus de sécheresses, 2,8 fois plus d’inondations fluviales, presque trois fois plus de mauvaises récoltes et deux fois plus de feux de forêt que les personnes nées il y a 60 ans.

Ces estimations ont été élaborées à partir de modèles climatiques informatiques simulant des événements extrêmes (tempêtes, vagues de chaleurs, incendies, inondations, etc.), combinés à des données sur l’espérance de vie des populations pour chaque génération née entre 1960 et 2020. Les prédictions en termes d’évolution des températures mondiales réalisées par le GIEC ont également été prises en compte.

En plus de cette injustice générationnelle flagrante (les plus jeunes étant par définition moins responsables du réchauffement climatique anthropique que leurs aînés), l’étude démontre également un sérieux déséquilibre entre les régions du monde.

Quatre fois plus d’événements extrêmes

Les 53 millions d’enfants nés entre 2016 et 2020 et originaires d’Europe et d’Asie centrale connaîtront par exemple quatre fois plus d’événements extrêmes que leurs grands-parents. Mais les 172 millions d’enfants du même âge nés en Afrique subsaharienne subiront 5,7 fois plus d’événements extrêmes, dont 50 fois plus de vagues de chaleur.

À presque un mois de la COP26, les auteurs de cette étude rappellent l’urgence de diminuer radicalement les émissions de gaz à effet de serre mondiales et de respecter l’Accord de Paris, qui vise à limiter la hausse de température de la Terre à 1,5ºC.

«Si nous parvenons à réduire drastiquement nos émissions dans les années à venir, nous pouvons encore éviter les pires conséquences pour les enfants du monde entier. Dans le même temps, un message sobre pour les jeunes des pays à faible revenu émerge, où des événements extrêmes incroyablement difficiles sont solidement projetés, même dans le cadre de la plus stricte des actions climatiques futures», martèle Wim Thiery, climatologue à la Vrije Universiteit Brussel (Belgique) et auteur principal de l’étude.

Selon un rapport Unicef publié en août dernier, la moitié des enfants de la planète est menacée par les effets du changement climatique, notamment par la pollution atmosphérique (1 milliard d’enfants fortement exposés), les pénuries d’eau (920 millions) et les canicules (820 millions).