Les experts invitent à repenser la stratégie belge de lutte contre le coronavirus
Les vagues se suivent, les comités de concertation s’enchaînent, mais le coronavirus n’en finit pas de circuler dans notre pays. Est-il temps de repenser la stratégie globale de lutte contre le virus en Belgique? C’est l’idée que défendait l’infectiologue Nathan Clumeck, ce lundi, sur les ondes de la RTBF. «Dans un premier temps on a pensé qu’on parviendrait, grâce au vaccin, à contrôler la transmission et la maladie. Aujourd’hui nous voyons que la transmission n’est pas contrôlée… donc arrêtons de mettre une énergie considérable pour contrôler cette transmission et focalisons-nous sur les plus vulnérables.» Aux yeux de l’expert, il conviendrait donc de se focaliser avant tout sur la protection des personnes vulnérables.
«Tout investir dans une stratégie exclusivement basée sur la vaccination a un certain nombre de limites», abonde Marius Gilbert. Sur le plateau de Déclic, l’épidémiologiste invite à basculer sur «une stratégie de long terme, qui implique une prévention de la transmission qui ne passe pas uniquement par le vaccin, mais aussi par toute une série de mesures (ventilation, définition des lieux à risque…).»
Marius Gilbert rejoint son confrère dans son analyse: «On doit découpler notre façon de penser: d’un côté on doit voir ce que l’on peut faire pour ralentir au maximum la transmission, et de l’autre il y a la vaccination, dont la fonction première est une fonction de protection.»
Sur ce dernier point, l’expert met toutefois en garde: si certains refusent cette protection, d’autres (et en particulier les publics précarisés) ne l’ont pas parce qu’ils manquent d’information. Et notamment, souligne Marius Gilbert, sur le fait d’être soi-même un profil à risque. «Il y a toute une série de personnes qui font des formes graves sans pour autant rentrer dans les critères classiques de comorbidité», souligne-t-il. «La stratégie que l’on a aujourd’hui n’investit pas suffisamment à long terme autour des définitions des profils de risque.»
Et de déplorer, une fois encore, la stratégie «en yo-yo» de la Belgique et son manque de continuité. «Surtout dans un contexte où des variants sont susceptibles d’émerger avec des caractéristiques épidémiologiques qui diffèrent de mois en mois», souligne Marius Gilbert, rappelant l’importance de la troisième dose, «un très bon rempart contre ces variants».