Les télétravailleurs sont deux fois plus susceptibles de travailler plus de 48h par semaine
Selon une enquête de l'agence EuroFound, les personnes qui télétravaillent seraient deux fois plus susceptibles de dépasser la durée maximale de travail hebdomadaire de 48h fixée par l'UE. Pour ces travailleurs à domicile, "le droit à la déconnexion "est aussi plus difficile à appliquer.
Porte ouverte aux distractions, "planque", journées raccourcies... Certains préjugés relatifs au télétravail ont la vie dure. Mais la pandémie et les restrictions qui l'ont accompagnée, donnant une place inédite au travail à distance, nous donnent désormais des éléments pour battre ces idées reçues en brèche.
De nombreuses enquêtes et sondages ont en effet démontré que la frontière entre vie privée et vie perso était désormais plus difficile à déterminer pour les personnes qui travaillent à domicile, a fortiori lorsqu'il y a des enfants à la maison. Délivré de la contrainte horaire de "quitter le bureau", on va par exemple travailler plus tard ou compenser le temps passé à faire les devoirs avec les enfants. Au risque de voir les heures supp' s'accumuler.
Selon un récent rapport de la Fondation européenne pour l'amélioration des conditions de vie et de travail (Eurofound), les télétravailleurs européens sont deux fois plus susceptibles de dépasser la limite légale hebdomadaire de 48 heures fixée par l'Union européenne. Ces derniers sont également plus enclins à travailler pendant leur temps libre.
Loin d'être nouvelle, cette difficulté à séparer vie pro et vie perso a mis en lumière une notion qui existait déjà avant la pandémie : celle du droit à la déconnexion. Autrement dit, ne pas être connecté à Slack, Zoom, Tims ou encore répondre aux mails et appels téléphoniques professionnels reçus en dehors des heures de travail.
En 2017, la France était le premier pays à faire appliquer officiellement ce droit dans toutes les entreprises comptant plus de 50 salariés. La Belgique, l'Espagne et l'Italie sont les trois autres pays membres de l'UE à avoir appliqué des mesures similaires.
Le nouveau rapport d'Eurofound comprend des études de cas illustrant la mise en œuvre et l'impact du droit à la déconnexion sur le lieu de travail. "L'expérience des quatre premiers États membres qui ont introduit des règles et des accords sur le droit à la déconnexion avant 2021 a démontré le rôle central des partenaires sociaux pour garantir que ces règles se traduisent en réalité sur le terrain", souligne l'enquête.
L'étude montre également que les entreprises sont plus enclines à sensibiliser et former leurs équipes à la déconnexion plutôt que d'employer des méthodes plus radicales, telles que couper l'accès aux communications de l'entreprise à des moments précis.
"Bien que l'on manque encore de preuves de l'impact du droit à la déconnexion sur divers aspects des conditions de travail et du bien-être des employés, les expériences des partenaires sociaux au niveau de l'entreprise suggèrent que des changements positifs dans la culture d'entreprise se produisent à la suite de l'introduction du droit à la déconnexion - il s'agit d'un domaine qui fera l'objet de recherches approfondies dans les mois à venir dans le contexte du retour sur les lieux de travail et du déploiement de régimes de travail hybrides", précise Tina Weber, directrice de recherche d'Eurofound.