L’OMS en faveur d’une politique sanitaire transnationale, après les erreurs du coronavirus
Malgré les avertissements répétés de la communauté scientifique sur une pandémie planétaire, le monde n’était pas préparé à l’apparition du coronavirus, fin 2019. «Les réponses politiques divergentes, souvent tâtonnantes, continuent d’avoir des conséquences catastrophiques, avec plus de 1,2 million de décès dans la seule région européenne (plus de 4 millions dans le monde) et une récession économique sans précédent», pointe vendredi l’Organisation mondiale de la Santé. C’est pourquoi celle-ci prône une politique sanitaire transnationale, qui reconnaisse l’interconnexion entre la santé humaine, animale et environnementale.
Baptisée «One Health» ("Une santé"), cette politique doit engager les gouvernements nationaux, les acteurs régionaux et mondiaux, ainsi que les responsables des systèmes de santé et d’aide sociale dans des réformes profondes, des programmes d’investissements et des améliorations en termes de gouvernance, en tirant les leçons de la pandémie, soutient le président de la Commission paneuropéenne sur la santé et le développement durable, liée à l’OMS, Mario Monti.
«Il faut en outre être conscients des liens entre le changement climatique, la biodiversité et la santé humaine; et de la nécessité de revigorer et d’étendre nos services de santé nationaux», poursuit l’ex-commissaire européen.
«La santé est un bien public mondial»
Troisième axe de ce vaste chantier, «renforcer la position de la politique de santé dans l’élaboration des politiques générales des gouvernements et des organisations internationales, en créant un Conseil mondial de la santé et des finances au sein du G20, qui reconnaîtrait que la santé est un bien public mondial. Les nouvelles générations méritent un monde où le progrès ne se fait pas au détriment de leur santé et de la santé de la planète», conclut l’Italien.
La Commission paneuropéenne sur la santé et le développement durable recommande dès lors aux pays de mettre sur pied des stratégies «One Health» intergouvernementales, fondées sur le concept de «la santé dans toutes les politiques» et basées sur un partenariat entre les secteurs public et privé, où les risques et les bénéfices sont partagés équitablement.
Prévention plutôt que réactivité
Ces stratégies devront également prendre en compte les inégalités sociales et les discriminations qui les fondent (sexisme, racisme, etc.) afin de réduire la polarisation de la société et rendre confiance aux citoyens et citoyennes en leurs institutions. La Commission, qui insiste par ailleurs sur la prévention plutôt que la réactivité en matière de santé, préconise de recueillir des données sur les différents niveaux de santé au sein des populations et ainsi de mieux suivre les inégalités en matière de santé et d’accès aux soins de santé et aux services sociaux.
Enfin, la Commission appelle à la création d’un conseil paneuropéen sur les menaces sanitaires et plaide pour des investissements dans des plateformes de partage et d’interopérabilité des données, «dans le respect de la vie privée», dans toute la région, qui s’étend des frontières occidentales butant contre l’océan Atlantique aux confins de la Russie, à l’extrême est.