Marc Van Ranst menacé: l’Ocam place le niveau de menace à 4 pour la chasse à l’homme
L’Organe de coordination pour l’analyse de la menace (Ocam) a placé mercredi le niveau de menace à quatre, soit le plus élevé, concernant la fuite d’un militaire recherché depuis mardi après-midi. Pour la Belgique dans son ensemble, l’analyse de l’Ocam reste inchangée, soit au niveau 2 (moyen).
Une opération de recherche a été lancée mardi dans le Limbourg pour retrouver un individu lourdement armé, qui était dans le viseur de l’Ocam depuis un certain temps. Le concernant, l’organe a estimé que le niveau de la menace était très élevé. Le niveau 4 ou «très grave» signifie que la menace est «sérieuse et imminente».
L’Ocam effectue différents types d’analyses de la menace. Les analyses ponctuelles, comme celle-ci, concernent des événements ou personnes spécifiques. En parallèle, l’organe évalue la menace générale qui pèse sur le pays et celle-ci reste inchangée, à un niveau 2 ou moyen.
Le militaire recherché figurait sur la liste des terroristes et extrémistes de l’Ocam, en raison de ses sympathies d’extrême droite. Cette liste compte environ 700 noms, dont une cinquantaine serait proche de l’extrême droite.
Des armes lourdes retrouvées
Un certain nombre d’armes lourdes ont été retrouvées dans la voiture utilisée par le militaire en fuite. Le véhicule a été découvert dans un bois à Dilsen-Stokkem (Limbourg) mais le quadragénaire, lui, reste introuvable. Il a laissé une lettre contenant des éléments jugés inquiétants. Les opérations de recherche se poursuivent ce mercredi.
Le militaire a récemment proféré des menaces à l’encontre de plusieurs personnes, dont le virologue Marc Van Ranst, qui a été placé dans un lieu sûr. Selon plusieurs médias, le quadragénaire n’est pas rentré chez lui lundi soir et sa partenaire a ensuite donné l’alarme. La police et la justice ont immédiatement pris l’affaire très au sérieux, l’homme ayant laissé derrière lui une lettre d’adieu. «Dans la lettre, il menace d’attentat les structures de l’État et plusieurs personnes», a indiqué Eric Van Duyse, porte-parole du parquet fédéral.
Il est également suspecté que le militaire se déplace lourdement armé, notamment avec un lance-roquettes et une mitraillette. Lorsque l’individu a été aperçu à Bourg-Léopold, la police a lancé une action de recherche de grande envergure. Dans le courant de la soirée, sa voiture a été retrouvée dans un bois, qui a été fouillé ainsi que ses environs pendant la nuit.
«Des armes lourdes ont été découvertes dans le véhicule mais l’homme reste recherché», a précisé le parquet fédéral.
Une trentaine de militaires belges suivis par le service de renseignement
Une trentaine de militaires soupçonnés de sympathie avec l’extrême droite sont suivis de près par le service de renseignement de l’armée, a récemment indiqué le chef de ce service, le général-major Philippe Boucké, alors qu’un militaire de 46 ans – un certain Jurgen C. selon la presse – était toujours recherché mercredi matin après avoir proféré des menaces à l’encontre du virologue Marc Van Ranst.
«On creuse et on trouve. Le screening fonctionne bien. La menace reste infime au sein de la Défense», expliquait le «patron» du Service général du Renseignement et de la Sécurité (SGRS) dans une interview publiée le 27 mars dernier par le journal ’Le Soir’.
Interrogée dans la foulée à la Chambre, la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS), avait toutefois relativisé ce chiffre le 20 avril.
«Il faut interpréter prudemment le chiffre de trente militaires en lien avec l’extrémisme de droite car il inclut les personnes pour lesquelles l’enquête pourrait conclure à l’absence de formes d’extrémisme», avait-elle répondu aux députés Guillaume Defossé (Ecolo) et Kris Verduyckt (Vooruit).
Contraires aux valeurs de l’armée, le racisme et la xénophobie sont une infraction pénale et ne sont pas admis pour un militaire. Les sanctions dépendent de multiples facteurs. L’autorité peut sanctionner le militaire par une mesure statutaire pouvant aller jusqu’au licenciement, avait ajouté la ministre.
Elle avait précisé qu’outre la vérification de sécurité prescrite par la loi, les nouvelles recrues sont également soumises à un examen de conformité aux normes et valeurs de l’armée. L’enquête du département d’état-major renseignement et sécurité (le SGRS), un extrait du casier judiciaire, un CV standardisé, les tests de personnalité et l’entretien de sélection peuvent révéler des éléments indésirables. Dans ce cas, le candidat est exclu de la procédure de sélection, avait souligné Mme Dedonder.
Un de ses prédécesseurs à la Défense, André Flahaut (PS), a toutefois déploré que le screening ne se produise ’qu’à l’entrée» et plus par la suite. Il n’y a pas de screening pour le personnel civil de la Défense, a-t-il déploré auprès de l’agence Belga.