Nous n’en avons pas fini avec la sécheresse: elle se fera ressentir jusqu’à la fin 2022
La sécheresse en cours au sud du pays va perdurer bien au-delà de l’été et ses impacts se feront ressentir certainement jusqu’à la fin de l’année 2022, prédit la Cellule d’expertise Sécheresse du Service public de Wallonie (SPW). Les efforts et mesures individuels et collectifs devront donc perdurer sur le moyen et long terme, estime-t-elle jeudi à l’issue d’une nouvelle réunion.
Depuis la dernière réunion du 18 août, les précipitations sur le territoire wallon ont été infimes, constate la Cellule. La sécheresse extrême de surface déjà présente au sud du territoire va s’étendre à l’ensemble des provinces wallonnes, prévient-elle, les prévisions météo n’annonçant pas de précipitation significative ces prochains jours.
Parmi les principaux autres constats, il apparaît que la situation devient problématique pour les écosystèmes dans les cours d’eau non navigables. Plusieurs d’entre eux sont pratiquement voire totalement à sec. Le SPW rappelle, à ce titre, que l’édification de petits barrages qui font fluctuer les débits des cours d’eau et perturbent la faune aquatique est strictement interdite et que les prélèvements en eaux de surface sont soumis à autorisation.
Pour les cours d’eau navigables, la situation est similaire à 2020, présentant des débits très faibles, en particulier sur l’Ourthe. La Semois, l’Amblève, la Vesdre et le Viroin restent légèrement supérieurs aux niveaux de 1976.
Les niveaux des barrages-réservoirs sont, en outre, en baisse. Ceux de la Gileppe et la Vesdre se situent juste au-dessus des cotes de réserve. Au barrage de Nisramont, le niveau du lac approche le minimum atteint fin septembre 2020, avec dès lors un mois d’avance.
Distribution limitée?
La distribution publique de l’eau, quant à elle, ne rencontre globalement pas de problème à l’échelle régionale. Dans le sud de la Wallonie, la situation est toutefois beaucoup plus compliquée, d’autant plus que les consommations associées au tourisme se poursuivent, note-t-on.
Dix-neuf communes (Stoumont, Burg Reuland, Rochefort, Durbuy, Libin, Libramont, Chimay, Theux, Bouillon, Léglise, Habay, Pepinster, Vresse-sur-Semois, Tellin, Bertogne, Tenneville, Gouvy, Amel et Saint-Hubert) y ont déjà pris des arrêtés de police de restriction de consommation de l’eau de distribution. Des mesures qui se doivent d’être strictement respectées pour garantir la continuité de l’approvisionnement, insiste le SPW.
Quinze autres communes (Jalhay, Vielsalm, Houffalize, Bastogne, Fauvillers, Martelange, Neufchâteau, Vaux-sur-Sûre, Saint-Ode, Wellin, Bullange, Marche-en-Famenne, Rendeux, La Roche-en-Ardenne et Beauraing) font l’objet d’une surveillance particulière.
L’affaire de tous
Compte tenu des prévisions météo et de la reprise de l’activité économique, il est indispensable que chaque citoyen, partout en Wallonie, veille à ne pas gaspiller l’eau, via des gestes simples au quotidien, soulignent les experts. Quant aux entreprises, au secteur horeca et aux collectivités, une campagne de sensibilisation va être lancée à leur attention.
S’agissant de la navigation, la mesure de regroupement des bateaux aux écluses reste de mise sur l’ensemble du réseau à l’exception de la Dendre et des canaux de la province du Hainaut. Sur le Canal Albert, ainsi que sur le canal de Lanaye, les bateaux de plaisance franchiront désormais les écluses en même temps que la navigation commerciale, a décidé la Cellule Sécheresse. Le temps d’attente imposé pour les regroupements est de 1h maximum, sauf à l’écluse de Lanaye où il est de 1h30.
Tous les tronçons en rivière restent fermés à la circulation des kayaks et la pêche demeure interdite jusqu’au 4 septembre au moins.
Toutes les zones de baignade autorisées sont ouvertes, sauf à Hotton à la suite d’une pollution accidentelle. Se baigner en dehors d’une zone surveillée et autorisée présente un risque, comme les dramatiques accidents de ces dernières semaines l’ont montré, rappelle le SPW.
À noter, enfin, que le risque d’incendie reste élevé. Le Département Nature et Forêts (DNF) maintient dès lors ses actions de sensibilisation, de prévention et de surveillance. La forêt d’Anlier reste, elle, fermée à tous les usagers jusqu’à nouvel ordre.
La prochaine réunion de la Cellule, qui regroupe les différents interlocuteurs du secteur de l’eau au sud du pays sous l’égide du Centre régional de crise de Wallonie, est fixée à vendredi prochain (à 13h30).