Pourquoi de plus en plus de jeunes quittent leur travail?

Les jeunes sont de plus en plus nombreux à quitter leur travail. Voici pourquoi.

par
Belga
Temps de lecture 3 min.

C’est une petite étude qui fait du bruit. D’après le bureau de recrutement Acerta, 11% de tous les contrats de travail des jeunes de moins de 25 ans ont déjà été rompus cette année. C’est plus du double (+136%) de l’année dernière et pas moins de 181% de plus par rapport à la période précédant la crise du coronavirus. Près de la moitié des départs (46%) surviennent à l’initiative du travailleur et 36% des contrats sont rompus d’un commun accord.

«Cette nouvelle génération critique que constituent les jeunes ose prendre en main sa propre carrière. Ils sont donc nombreux à abandonner aujourd’hui un emploi présentant des avantages pratiques à court terme pour une carrière durable à long terme, offrant davantage de possibilités de carrière et de flexibilité», selon les experts d’Acerta.

«Un métier plus rangé»

Ces démissions entrainent un manque de personnel dans certains secteurs, notamment dans l’horeca où certains établissements envisagent de réduire leurs capacités d’accueil ou de revoir leurs horaires d’ouverture. En cause, la crise sanitaire qui n’a pas contribué à donner une image de stabilité dans l’horeca. «Nous avons assisté au départ d’une partie des salariés», explique Thierry Neyens, président de la fédération Horeca Wallonie, il y a peu. «Certains ont fait le choix d’un métier un peu plus rangé, après avoir exercé un travail manuel dans l’horeca, avec ses horaires coupés…»

Cette étude intervient juste après une autre de Robert Half mettant en exergue les difficultés rencontrées par les jeunes sur le marché du travail. Selon Robert Half, pour 72% des employeurs ayant répondu à l’enquête, l’expérience serait plus importante que le diplôme au moment d’enrôler un jeune. «En haut de la liste des obstacles rencontrés par les jeunes diplômés, figurent le manque de compétences techniques (34%) et les connaissances limitées des systèmes logiciels et matériels (33%), qui sont souvent déjà bien maîtrisés par les personnes expérimentées. En outre, on parle aussi des attentes salariales irréalistes (33%), de la surestimation de ses propres capacités (32%)», conclut l’étude selon La Libre.

NEET et DEI

En Belgique, un jeune sur dix âgé de 15 à 29 ans se trouve hors du système scolaire, sans emploi ou sans formation. Ces jeunes sont regroupés sous l’acronyme britannique NEET, qui signifie «Not in Employment, Education or Training». Selon les derniers chiffres, le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés (DEI) a, lui, augmenté de 2,9% ou 6.071 unités en Wallonie en juillet par rapport à juillet 2021, une hausse en partie attribuable à une modification administrative et à l’arrivée de nombreux jeunes inscrits au Forem à la fin de leurs études. Fin juillet, la Wallonie comptait 213.611 DEI, soit 13,3% de la population active wallonne, dont 43% sont inoccupés depuis deux ans ou plus.

Pas de Grande Démission en Belgique

À noter qu’à quelques exceptions près, les pays européens semblent moins concernés que l’Inde ou le Moyen-Orient par les démissions en série à la suite de la crise sanitaire, selon une étude publiée en juillet dernier par le cabinet PwC. Au niveau mondial, 20% des plus de 52.000 sondés jugeaient «très élevée» ou «extrêmement élevée» la probabilité de changer d’employeur dans les douze prochains mois. Mais pas de «Grande Démission» en vue sur le Vieux Continent ni en Belgique puisque seuls les salariés luxembourgeois (25%), danois (22%) et irlandais (21%) sont au-dessus de la moyenne mondiale des intentions de démission. Les Tchèques (12%) et les Belges (13%) sont d’ailleurs les moins enclins à changer d’employeur dans les douze prochains mois, suivis de près par les Français et les Néerlandais (15%).