Procès des attentats à Bruxelles: la majorité des accusés nie être impliquée dans les faits
Ce mercredi, l’interrogatoire des accusés a commencé au procès des attentats de Bruxelles, survenus le 22 mars 2016. Le but de cette journée a été de dresser le portrait des neuf hommes qui comparaissait devant la cour d’assises. La plupart d’entre eux ont contesté être impliqués dans les faits.
Avant que les accusés ne commencent à prendre la parole, l’un d’eux, Osama Krayem, a fait valoir son droit au silence et a demandé à retourner en cellule. Une décision qui était attendue, l’homme qui avait renoncé à se faire exploser dans le métro le jour des attaques ayant déjà prévenu qu’il ne s’exprimerait pas lors de cette séquence du procès.
Ce qu’ont dit les différents accusés
La présidente de la cour a ensuite souhaité interroger Bilal El Malhoukhi en premier, s’attardant d’abord sur le «groupe de Laeken». L’homme a apporté son aide à la cellule terroriste bruxelloise en tenant un rôle logistique. Pour débuter l’interrogatoire, Laurence Massart a commencé par poser trois questions concernant la reconnaissance des faits : «Êtes-vous en aveu d’avoir participé aux faits qui ont abouti à la double explosion à Zaventem ?», a-t-elle interrogé, avant de poser des questions similaires pour Maelbeek et la participation à une organisation terroriste. À trois reprises, l’accusé a répondu par l’affirmative.
Dans la foulée, la présidente a interrogé Hervé Bayingana Muhirwa. Le Belgo-Rwandais a reconnu avoir «une part de responsabilité» dans les attentats. «Je m’expliquerai au moment voulu», a-t-il ajouté, avant de démentir une nouvelle fois être «Amine» – dont il est question dans certains messages audios des terroristes – et a répété ne pas savoir de qui il s’agissait.
Quant à Mohamed Abrini, qui fait partie du «groupe de Molenbeek», il a reconnu son implication dans la double explosion à Zaventem. «Je suis en aveux dès le premier jour», a-t-il dit. Pour les faits survenus dans le métro, «j’ignorais que cela allait se passer à Maelbeek», a-t-il répondu. S’agissant de la participation aux activités d’un groupe terroriste, «j’ai déclaré que j’avais prêté allégeance, que j’avais rejoint l’État islamique. Mais appartenir à un groupe terroriste, je ne le dirais pas comme ça.»
«Pour moi, vous n’êtes pas apte à juger une telle affaire», a ensuite lancé mercredi «l’homme au chapeau» à la présidente de la cour d’assises. «Cette affaire nous dépasse tous.»
«Tout le monde sait qu’à Paris, il n’y avait ni commanditaire, ni chef des opérations extérieures, ni les membres du commando des terrasses. Il n’y avait pas le sommet de la pyramide», a fait remarquer Mohamed Abrini, faisant un parallèle avec l’absence au procès des principaux responsables des attaques à Bruxelles.
Le verdict de la cour d’assises française aurait été différent pour lui et ses co-accusés à Paris si des responsables comme Abdelhamid Abaaoud, coordinateur des attentats du 13 novembre, ou Oussama Atar, qui a eu le même rôle pour ceux de Bruxelles, y avaient comparu, a-t-il soutenu.
Abeslam juge qu’il n’a rien à faire là
«Ma présence dans ce box est une injustice», s’est insurgé, pour sa part, Salah Abdeslam. «Je n’ai pas participé à ces faits-là (ceux du 22 mars 2016, NDLR). Le projet d’attaques à Bruxelles a démarré après mon arrestation et la diffusion de la photo des frères El Bakraoui. Moi, j’étais en prison et au courant de rien.»
En préambule, le trentenaire avait répondu «non» aux trois questions concernant la reconnaissance d’une quelconque culpabilité pour les attaques commises à Zaventem et à Maelbeek et pour sa participation à un groupe terroriste.
Mêmes réponses pour Ali El Haddad Asufi, le cinquième accusé interrogé. Il a déclaré qu’il «misait tout sur ce procès», souhaitant «qu’on reconnaisse mon innocence dans mon pays». «Je n’ai pas droit à la présomption d’innocence», a-t-il dénoncé. «Je n’y ai jamais eu droit, sinon je comparaitrais au moins libre.»
Le point de vue des frères Farisi
Lors de leur interrogatoire, Smail et Ibrahim Farisi, qui comparaissent libres à ce procès, ont, eux aussi, réfuté toute implication dans les attentats. Le premier a sous-loué son appartement à Etterbeek aux terroristes, le second a aidé son frère à évacuer de cette planque les effets qui y avaient été laissés.
Tous deux ont évoqué l’impact psychologique dévastateur qu’ont eu leur incarcération et leur présence dans ce dossier. «Je suis mort le 22 mars. Je ne vais plus en revenir, je le sais», a regretté Smail. «Je n’ai plus de qualité, plus de défaut, plus d’espoir. Je suis un corps sans âme, on m’a volé ma vie. Je ne fais plus rien de ce que j’aime», a abondé Ibrahim.
Sofien Ayari a fermé le bal des interrogatoires de personnalité. Il a confié sa «surprise» d’être inculpé pour les attaques à Bruxelles, lui qui se trouvait en prison le 22 mars, après avoir été arrêté le 18 mars 2016 dans la foulée de la fusillade survenue rue du Dries, à Forest. «Le projet a été élaboré après mon arrestation, dans la précipitation», a-t-il répété, en écho à des déclarations similaires de Salah Abdeslam.
L’interrogatoire croisé des accusés sur les faits en eux-mêmes débutera jeudi matin. Il devrait s’étaler, au fil des nombreux thèmes abordés, sur environ deux semaines.
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