À quand un congé menstruel en Belgique?

Pouvoir s’absenter du bureau en cas de règles douloureuses sans être pénalisée: c’est l’idée du congé menstruel que l’Espagne s’apprête à adopter. Une première en Europe. Qu’en est-il en Belgique?

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Le gouvernement de gauche espagnol a présenté mardi son projet de loi créant un «congé menstruel» pour les femmes souffrant de règles douloureuses. Un arrêt maladie, qui devra être signé par le médecin traitant, sans durée limitée. «Nous allons être le premier pays d’Europe à instaurer un arrêt maladie temporaire financé intégralement par l’État pour des règles douloureuses et invalidantes», s’est félicitée la ministre de l’Égalité, Irene Montero.

«Les règles ne seront plus taboues. C’en est fini d’aller au travail avec les douleurs, de devoir se gaver de comprimés avant d’aller au travail ou de devoir cacher notre douleur», a ajouté la ministre, l’une des chefs de file du parti de gauche radicale Podemos.

Avant d’entrer en vigueur, le texte doit encore être approuvé par le Parlement où le gouvernement est minoritaire. En cas de feu vert, l’Espagne l’un des rares dans le monde à intégrer cette mesure dans sa législation, à l’instar du Japon, de l’Indonésie ou de la Zambie par exemple.

En Belgique, les avis divergent

Cette proposition, qui a largement fait débat en Espagne, s’invite par ricochet dans les discussions en Belgique. Et il apparaît que l’idée d’instaurer un congé menstruel ne fait pas l’unanimité. Les partis sont divisés sur la question.

Ecolo et PTB se disent plutôt en faveur d’une telle mesure, plaidant pour une meilleure reconnaissance de la problématique des femmes souffrant de règles douloureuses. «Certains ont encore tendance à penser que les femmes se plaignent trop vite alors que les règles peuvent causer, chez une partie des femmes, des douleurs réellement importantes», indique à la DH Sofie Merckx, cheffe de groupe PTB à la Chambre. Chez celles qui souffrent d’endométriose notamment (une femme sur dix!), maladie encore très mal diagnostiquée et qui peut provoquer des douleurs insoutenables.

Le PS, quant à lui, ouvre la porte à l’idée d’un congé menstruel mais s’interroge sur les modalités pratiques. «Des questions se posent en matière de respect de la vie privée. Il ne faudrait pas non plus qu’une distinction malsaine s’opère entre travailleuses qui ont leurs règles et celles qui sont ménopausées», soulève le Parti Socialiste via la voix de sa porte-parole. Même son de cloche du côté de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes: «pas une mauvaise idée», à condition que le projet «respecte les principes d’égalité» et «évite les discriminations entre travailleurs».

«Une discrimination», selon le MR

Le MR apparaît plutôt mitigé sur la question, dénonçant un congé «discriminant». «Un congé menstruel légal risquerait de creuser les discriminations au travail», déclare Viviane Teitelbaum, députée libérale. «Des employeurs hésiteront aussi davantage avant d’engager des femmes.» La députée MR s’interroge, elle aussi, sur la mise en pratique. «Toutes les femmes n’ont pas le même vécu en ce qui concerne les règles. Comment va-t-on déterminer quelle femme a droit à tel nombre de jours de congé? Et comment va-t-on contrôler ça? Et si une femme a des règles irrégulières? Il faut se demander quel type de relations ça pourrait entraîner avec les employeurs».

Quoi qu’il en soit, si le débat est ouvert, l’instauration d’un congé menstruel en Belgique ne sera pas pour demain. En effet, la question n’est pas d’actualité chez nous, a tranché le cabinet Vandenbroucke, jeudi dernier, dans le journal le Soir.