Quatre policiers sur 10 affectés par le stress post-traumatique
En moyenne 40% des policiers francophones en activité souffrent du stress post-traumatique en raison de leur travail.
Ces résultats ont été présentés vendredi, à l’occasion de la deuxième journée d’étude «Vécu émotionnel auprès des policiers belges», organisée par le Service de psychopathologie légale de l’UMons. L’objectif était de nourrir la réflexion pour un meilleur accompagnement des troubles liés au stress auprès des policiers.
Pour avoir été exposé entre autres à des événements traumatiques, un échantillon de 208 personnes employées dans la police est confronté à du stress aigu ou au stress post-traumatique. Cette réalité a été présentée vendredi auprès d’un public concerné. Une première phase d’études présentée en 2018 évoquait déjà qu’un policier sur quatre souffrait de ce type de stress, à un niveau plus ou moins élevé. Cette tendance se confirme, d’après Audrey Vicenzutto, docteure en psychologie à l’UMons. «Cinq facteurs de stress sont identifiés: la nature des interventions (homicide, suicide, accident, etc.). Le stress organisationnel joue dans le fait de travailler lors de patrouilles de nuit. L’organisation interne, la surcharge de travail et le manque de moyens vont les fragiliser», évoque-t-elle. Les relations conflictuelles avec la justice ou la pression sociale portée par les réseaux sociaux contribuent aussi à les insécuriser.
Un soutien primordial
«Le soutien social a un rôle très important», observe Mme Vicenzutto de l’UMons. «Cela revient à avoir des gens autour de soi qui seront d’un soutien qualitatif. Beaucoup de personnes ont beaucoup de liens sociaux, sans consistance dans les moments difficiles, et inversement. On évalue donc la qualité et la quantité. Dans plus de 80% des cas de notre étude, les policiers ont le soutien de leurs proches, ce qui est un facteur de protection important. Le second facteur, c’est le soutien des collègues, ce qu’une moyenne de 70% de notre échantillon affirme recevoir. C’est plus simple pour eux, car ils se comprennent, ils s’aident dans les procédures. Nos consœurs canadiennes invitées ont pu étudier que le soutien de la hiérarchie, via l’apport d’un réconfort, vient consolider la protection de l’individu face à un traumatisme», décrit-elle. «On s’intéresse à ce qui se fait ailleurs. Des initiatives locales se font chez nous, mais l’idée serait d’unir nos forces, créer des synergies, pour améliorer les conditions de travail des policiers avec des appuis internationaux.», termine Mme Vicenzutto.
Pour renforcer la réflexion, l’équipe de l’UMons a convié deux académiques québécoises. Annie Gendron et Andrée-Ann Deschênes, ont partagé leurs recherches sur les pratiques de prévention de la santé psychologique au travail en sécurité publique. «Nous nous intéressons à différentes trajectoires de soutien dans les zones de police, dans le cadre d’une étude en cours. Nos résultats préliminaires indiquent que certains ingrédients sont plus appréciés par les policiers, notamment «le suivi 1-1-1». Les gestionnaires suivent des policiers confrontés à des événements traumatiques le jour même, une semaine après, et un mois après, pour s’assurer qu’ils soient bien en mesure de détecter et d’offrir des services de soutien si des symptômes surgissent», explique Mme Deschênes, docteure en psychologie du travail, au sujet d’une collaboration avec 13 organisations policières québécoises, de tous les niveaux de service. «Ils ont tous des modèles de gouvernance différents qui font en sorte que, lorsque l’on va pouvoir identifier nos recommandations en termes de prévention de la santé psychologique au sein des organisations, chaque échelle pourra y trouver son compte», complète Mme Gendron, docteure en psychologie.
Un projet d’étude de l’UMons est en cours sur la question de l’usage de la force, le recours à une arme, etc. Il fera l’objet d’une prochaine journée de rencontre d’après Mme Vicenzutto.