Quelles solutions pour faire baisser la facture énergétique de 1.350 € par ménage?
Les prix de l’énergie n’ont jamais été aussi élevés. Avec les tarifs actuels, un ménage belge va payer plus de 8.500 € par an pour son gaz et son électricité. Pourtant, des solutions existent, selon Damien Ernst.
Ce mardi, les prix européens du gaz continuent d’augmenter. Lundi, ils avaient déjà atteint un niveau record.
Hier, le contrat à terme du TTF néerlandais, référence du marché européen du gaz naturel, a atteint 295 € le mégawattheure (MWh), un niveau qui n’avait plus été vu depuis les premières semaines de l’invasion russe de l’Ukraine mi-mars. Pour Ludwig Möhring, directeur de l’Association des producteurs allemands de pétrole, gaz et de la géothermie (BVEG), il s’agit d’une «tentative évidente d’exploiter la dépendance de l’Europe au gaz russe».
En attendant, les conséquences de cette hausse des prix se font directement ressentir chez les ménages belges qui ont en contrat variable pour le gaz et l’électricité. L’addition ne cesse de grimper et elle est effrayante. La semaine dernière, le spécialiste et professeur à l’ULiège, Damien Ernst indiquait qu’un ménage moyen allait payer 7.500 €/an pour son gaz et son électricité . Une semaine plus tard, ce montant a déjà augmenté de 1.000 €. «Si rien ne change, un ménage va payer plus de 8.500 € par an pour sa facture de gaz et d’électricité», a tweeté hier Damien Ersnt.
«Il faut d’urgence des gens compétents pour gérer cette crise», estime le spécialiste. Pour lui, des solutions existent. «Je vais finir par croire que l’EU protège les situations de surprofit des producteurs d’électricité. Des dizaines de millions de ménages vont sombrer dans la pauvreté avec cette crise énergétique causée par un mauvais travail de l’EU en politique énergétique», poursuit-il. «Aucun politique ne réagit, ils sont tous endormis alors que des solutions qui ne coûteraient rien à l’État existent et ont déjà été prises par d’autres pays», ajoute-il à La Libre.
Pour le professeur à l’Université de Liège, la première mesure que le gouvernent devrait mettre en place c’est de changer les règles du marché day-ahead.
«En résumé, 40% de l’électricité s’échange sur ce marché, et c’est lui qui décide des prix. Le problème, c’est que les prix sont calculés sur base de la ressource d’énergie la plus chère pour produire de l’électricité: le gaz. (…)Les grands producteurs sont donc occupés à faire des surprofits phénoménaux sur certains produits», détaille-t-il.
Damien Ersnt prend souvent l’exemple du Portugal et de l’Espagne. C’est deux pays ont régulé le marché day-ahead et les prix de l’énergie sont actuellement trois fois moins élevés qu’en Belgique. Selon lui, cette première mesure permettrait déjà de faire baisser la facture énergétique annuelle de 1.000 € pour les ménages.
La deuxième mesure permettrait de faire baisser la facture de 200 € par an. Pour Damien Ersnt, il faudrait suspendre la taxe basée sur l’émission de CO2 nécessaire à la production d’électricité. «Avec des prix du gaz tellement élevés, maintenir une taxe additionnelle sur le gaz n’a aucun sens», déclare-t-il à La Libre.
Enfin, la troisième et dernière mesure qui permettrait de faire baisser la facture énergétique des ménages concerne la Wallonie. Pour le spécialiste, il faut stopper le mécanisme des certificats verts. Ils coûtent 150 € par an à chaque ménage. «On n’a plus besoin d’en distribuer aux producteurs renouvelables, tellement ils se font de l’argent avec des prix de l’électricité aussi élevés», détaille-t-il.
Pour Damien Ernst, il ne s’agit pas de science-fiction. Ces trois mesures sont applicables par le gouvernement et elles permettraient aux ménages belges d’économiser 1.350 € par an.