Rassemblés à Bruxelles, infirmiers et aides-soignants «en détresse» lancent un «SOS»

Des dizaines d’infirmiers et aides-soignants se sont réunis dimanche après-midi à partir de 14h00 au Mont des Arts à Bruxelles, pour exprimer leur colère et mettre en garde contre la détérioration des soins si on ne revalorise pas de manière structurelle leur métier. Sous le slogan de «soignants en détresse», ils ont formé un SOS avant de brandir banderoles et pancartes, dont certaines interpellant directement le gouvernement et son ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke.

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Le rassemblement était organisé par Union4U, syndicat créé il y a quelques mois seulement pour défendre spécifiquement les infirmiers et aides-soignants et mettre en lumière leurs conditions de travail. «Notre pays est l’un des moins bons élèves quand il s’agit du nombre de soignants par patient. Cela a une influence sur la qualité des soins, et comporte aussi davantage de risques pour le patient», indique d’emblée Thierry Lothaire, président d’Union4U, en marge de la manifestation.

Un des points noirs de la profession est le manque de personnel dans les structures (hôpitaux, maisons de repos…), ce qui entraîne une charge de travail accrue pour un salaire jugé trop bas, au détriment finalement de la qualité des soins. Les directions des hôpitaux et fédérations patronales des soins de santé rétorquent parfois qu’il y a pénurie de candidats. Mais c’est le serpent qui se mord la queue, selon Geert Berden, porte-parole néerlandophone du syndicat. «Le métier n’est pas attractif! Dans aucun pays il n’y a autant d’étudiants infirmiers par habitant, mais il n’y a nulle part ailleurs autant de gens qui finalement quittent le secteur». Ces dernières années, «il y a davantage de prise de conscience» des difficultés du métier, mais les mesures ne sont en revanche pas à la hauteur, note-t-il.

«Frank Vandenbroucke n’écoute pas»

Geert Berden pointe «la responsabilité écrasante du politique»: «Il faut investir de manière beaucoup plus structurelle» dans les soins de santé. Mais il tacle aussi les responsables des institutions hospitalières et autres: il y a un manque de transparence dans le nombre réel de soignants actifs par patient soigné. «Nous avons rencontré les responsables d’hôpitaux, et déposé notre manifeste auprès des différents ministres», ajoute le président Thierry Lothaire. Au niveau fédéral cependant, «Frank Vandenbroucke ne nous écoute pas, ne nous reçoit pas», affirme-t-il. «Nous voulons co-construire (également avec les syndicats traditionnels), mais pour cela, il faut une écoute», conclut-il.

Les deux responsables relaient des chiffres alarmants: 30% des infirmiers et aides-soignants en soins intensifs penseraient à abandonner, selon une récente étude.

Dans son manifeste, le syndicat établit comme objectif général «que la santé ne soit plus considérée comme un coût mais comme un investissement pour un mieux-être sociétal et un bien-être personnel». On y rappelle la nécessité d’établir un ratio patients/infirmier acceptable, ou encore de permettre aux infirmiers de se recentrer sur les tâches pour lesquelles ils ont une expertise précieuse.