Sécheresse: Faut-il craindre une pénurie d’eau en Belgique?
Depuis hier, les Pays-Bas connaissent officiellement une pénurie d’eau. En France et en Italie, l’eau potable est rationnée dans certains villages. Faut-il s’inquiéter d’une situation similaire en Belgique?
Le gouvernement l’a annoncé ce mercredi: en raison de la sécheresse persistante, les Pays-Bas connaissent officiellement une pénurie d’eau. L’approvisionnement en eau potable n’est pas menacé, a tenu à rassurer le gouvernement. Le ministre Mark Harbers, en charge de l’Infrastructure et de la gestion de l’eau, demande à tous les Néerlandais de «réfléchir sérieusement s’ils doivent laver leur voiture ou remplir complètement leur piscine gonflable».
Depuis le début du mois de juillet, l’Italie est frappée par sa pire sécheresse depuis 70 ans. Plusieurs communes ont annoncé des mesures de restriction d’eau, notamment sur l’eau potable. Vérone, une ville d’un quart de million d’habitants, a ainsi rationné l’usage de l’eau potable, tandis que Milan a décidé la fermeture de ses fontaines décoratives.
La France est également frappée par une sécheresse historique. Dans certains villages français, la pénurie d’eau potable est également devenue une réalité et des camions-citernes viennent approvisionner en eau les commerces et les foyers. Dans la commune de Seillans, dans le Var, depuis le début du mai de mai, une partie du village doit limiter sa consommation à 150 litres par personne par jour, de quoi faire tourner une machine, cuisiner, faire la vaisselle et prendre une douche.
Depuis quelques jours, c’est tous les habitants qui doivent économiser l’eau du robinet. Selon le journal Le Monde, dans les maisons, des bassines en plastique sont disposées dans les éviers pour récupérer l’eau de cuisine et de vaisselle. «Il faut que les gens comprennent qu’un jour, ils ouvriront le robinet, et il n’y aura plus d’eau.», indique une habitante. «Prendre sa douche avec une casserole, ça, ça remet les idées en place», confie quant à lui, Eric Marte le directeur de la régie des eaux locale.
Même son de cloche à Gérardmer, une station balnéaire des Vosges. Depuis ce mercredi, l’eau qui coule des robinets est directement puisée dans le lac. En attendant de savoir si cette eau est potable, les habitants sont invités à la faire bouillir pendant au moins cinq minutes avant de la boire. «On se croirait un peu dans un autre siècle», raconte à Libération une jeune femme de 23 ans en vacances là-bas.
En Belgique, le mois passé a été le mois de juillet le plus sec depuis 1885, a indiqué le météorologue David Dehenauw. Il y a eu à peine 5 mm de pluie comptabilisés à Uccle, la station de référence de l’Institut royal météorologique, contre 3 mm en 1885. La moyenne normale en juillet avoisine les 70 mm de pluie, a-t-il expliqué.
En raison de la période de sécheresse que l’on connaît cet été, une onzième commune de Wallonie vient de décider de limiter la consommation d’eau potable sur son territoire. Après Stoumont et Theux, en province de Liège, Rochefort et Vresse-sur-Semois, dans la province de Namur, Durbuy, Libin, Libramont, Habay et Bouillon, dans le Luxembourg, et Chimay, dans le Hainaut, c’est au tour de la commune de Pepinster de prendre un arrêté de police allant en ce sens. Au total, près de 90.000 habitants de Wallonie sont concernés par des restrictions d’eau à ce jour.
Pour Pascal Mormal, météorologue à l’Institut royal météorologique, la situation en Belgique «n’est pas encore extrêmement préoccupante à l’heure actuelle». «Il faut se rappeler qu’on a quand même connu des bonnes pluies, d’une part durant l’hiver précédent, et aussi entre la fin du mois de mai et la fin du mois de juin», a-t-il déclaré sur La Première.
Les pénuries d’eau affectent à ce jour 11% de la population de l’UE et 17% de son territoire, mais la situation est plus préoccupante autour de la Méditerranée où environ 50% de la population vit sous un stress hydrique constant durant l’été.
La pénurie d’eau et le stress hydrique affecteront probablement la moitié des bassins hydrographiques de l’UE d’ici à 2030 et les Etats membres doivent apprendre à réutiliser davantage les eaux usées traitées pour l’irrigation des terrains agricoles, a averti hier la Commission européenne. Cette dernière a publié des lignes directrices dans ce but, censées aider les Etats et acteurs concernés à mettre en œuvre le nouveau «règlement sur la réutilisation de l’eau» qui s’appliquera à partir de juin prochain.
Les sécheresses et les pénuries d’eau risquent de devenir plus fréquentes et plus graves à l’avenir, insiste la Commission dans son avertissement. Elles touchent l’agriculture, le tourisme et l’industrie et peuvent avoir des impacts environnementaux énormes. Lorsqu’il y a trop peu d’eau dans les rivières et les lacs, les zones humides s’assèchent, et l’eau salée peut s’infiltrer dans les ressources en eau souterraine.