Spreen Athletic, une marque belge pour du sport durable

Pour beaucoup, les confinements successifs ont été l’occasion de se mettre au sport, mais aussi de réfléchir à un mode de vie plus sain et durable. Pourtant, l’achat de nouveaux vêtements pour accompagner ce retour à une vie plus active peut être néfaste à l’environnement. Une marque belge veut changer la donne.

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«On veut offrir la performance, sans l’impact.» Voici comment Aloïs Echard présente Spreen Athletic, une marque de sports lancée en juin dernier. Et il y a du travail: le secteur du textile est particulièrement polluant, du fait de l’extraction de ressources non-renouvelables, de l’incinération sans recyclage des pièces usées, et de la faible résistance aux lavages. Un rapport de la fondation Ellen McArthur dénonce la consommation importante de produits de mauvaise qualité, qui doivent souvent être remplacés. Et surtout, 73% de la matière première finit en décharge ou incinéré, contre seulement 13% des matières utilisées sont recyclées. Autant dire qu’il y a là un vrai dilemme pour les sportifs, qui sont souvent des amoureux des espaces verts où ils pratiquent leur passion.

«On veut créer des vêtements sportifs performants, tout en réduisant l’impact du textile sur la planète», explique le créateur de la marque, Aloïs Echard. Pour cela, les vêtements proposés sont conçus en fibres recyclées, afin de limiter l’extraction de pétrole, qui est à l’origine des fibres synthétiques. C’est aussi une manière d’offrir un débouché au plastique recyclé, pour «éviter qu’il ne devienne un déchet». Le polyester recyclé est une fibre qui correspond bien aux efforts sportifs, puisqu’elle est absorbante, légère, et sèche rapidement. Des aérations en mesh offrent également une meilleure respirabilité lors des efforts plus intenses.

Côté prix, il faut compter entre 50 et 70€ par pièce. C’est plus cher que ce que proposent des magasins d’entrée de gamme, mais correspond aux prix des marques spécialisées. «Nous ne faisons pas du luxe, mais nous produisons des vêtements performants. Cela a un coût», souligne le créateur. Ce tarif permet en tout cas de rémunérer correctement toute la chaîne de production. «Nous produisons ces vêtements en Europe. Nous mettons un point d’honneur à veiller à ce que les personnes confectionnant nos vêtements bénéficient de bonnes conditions de travail et d’un salaire juste», conclut Spreen Athletic. La marque, qui vient tout juste d’élargir sa gamme, est vendue en ligne via le site spreenathletics.com.

L’empreinte carbone d’un tee-shirt

Un banal tee-shirt en coton, du type de celui que l’on peut porter tous les jours, a une empreinte carbone non négligeable. Selon Pietra Rivoli, autrice de «Les aventures d’un tee-shirt dans l’économie globalisée», elle est autour de 5kg de carbone par pièce, soit 20 fois le poids du tee-shirt. Elle estime aussi que la production du coton nécessaire à sa fabrication aura demandé 3.750 litres d’eau. Enfin, on retiendra de son étude qu’un tee-shirt parcourt plus de 40.000 km du champ de coton au consommateur, du fait des voyages entre les différentes usines.

D’autres marques qui font des efforts

Patagonia, la plus connue

La marque américaine Patagonia fait le bonheur des alpinistes et des surfeurs. Elle est très engagée pour la planète, en proposant notamment des vêtements de sport en chanvre, en coton biologique, mais aussi avec des textiles issus du recyclage. Sa vision du développement durable va au-delà de sa gamme de produits. En novembre 2018, elle a annoncé avoir perçu 10 millions $ de bénéfices supplémentaires grâce à la «réduction des impôts irresponsable» décidée par Donald Trump. Plutôt qu’augmenter ses bénéfices, la marque a donné cette somme à des initiatives citoyennes qui œuvrent contre le changement climatique. «Nos impôts doivent servir à aider les moins bien nantis de la population et à protéger les ressources naturelles», a justifié la CEO de la compagnie, Rose Marcario, qui avait reçu pour l’occasion un soutien appuyé du fondateur de la marque Yvon Chouinard.

The North Face, la transition

The North Face équipe les alpinistes, randonneurs, grimpeurs et coureurs. Mais de plus en plus, ses produits séduisent les non-sportifs, notamment pour affronter les hivers rigoureux. La marque commercialise désormais des vêtements produits à partir de plastique recyclé, notamment sa veste Denali. La collection Glacier, par exemple, est confectionnée à partir des tissus recyclés. La maison-mère de la marque, VF, s’est également engagée à ce que d’ici 2030, 100% de ses neuf principaux matériaux, (qui représentent 90% de ses émissions de carbone liées aux matériaux), proviendront de sources régénératives, ou recyclées. On retiendra également l’engagement personnel du fondateur de la marque, Doug Tompkins. En 2010, il a acheté 8.000 km² de terres au Chili et en Argentine pour en faire des réserves naturelles. Il avait également promis de les céder aux États à sa mort, ce qui a été fait en 2017, après son décès dans un accident de kayak.

Lagoped, la nouvelle

C’est une marque toute jeune, mais elle s’est déjà fait une place parmi les professionnels de l’outdoor. Elle équipe ainsi des guides de haute-montagne, reconnaissance s’il en est de la qualité de ses vêtements. Son principe est de tout produire en Europe, «pour limiter les kilomètres, et garantir des standards minimaux en termes d’environnement et de droit du travail», souligne son créateur, Christophe Cordonnier. La marque a également mis au point un partenariat avec un réparateur spécialisé, pour inciter ses clients à faire réparer les produits plutôt qu’en acheter de nouveaux, et donc prolonger la vie de ses produits. On notera enfin que ceux-ci sont éco conçus: comprenez qu’ils sont créés de manière à se recycler le mieux possible. Il n’y a notamment pas de mélange de textiles, ce qui permet de fondre un vêtement usagé pour en créer un nouveau.