Un appel lancé pour les demandeurs d’asile laissés de côté avec la crise ukrainienne
Plusieurs associations et ONG ont attiré l’attention mardi matin sur les files de demandeurs d’asile qui grossissent devant le centre d’arrivée du petit château à Bruxelles, des travailleurs de l’agence fédérale Fedasil étant mobilisés au centre d’enregistrement du Heysel pour l’orientation des exilés ukrainiens.
Plus d’une centaine de migrants étaient présents à 08h00. Les portes se sont ouvertes pour faire entrer ceux dans la file des personnes vulnérables, puis refermées avant 09h00 laissant les hommes seuls dans l’attente. Les associations parlent d’un millier d’hommes seuls dont la demande d’asile n’a pas été enregistrée la semaine dernière et de quelque 250 sur la seule journée de lundi.
Une centaine de personnes dorment chaque nuit dans les alentours du petit Château, selon Michel Genet, directeur général de Médecins du Monde Belgique, sur base des observations des équipes faisant des maraudes. «Peu d’Ukrainiens dorment en rue et c’est heureux, mais les oubliés de la crise ukrainienne sont ici», relève-t-il. «On s’attendait fin février-début mars à une nouvelle crise de l’accueil, sans compter alors avec la crise de l’Ukraine, qui a amplifié les choses, une partie du personnel de l’Office des étrangers et de Fedasil étant mobilisée au centre du Heysel».
«La situation s’est aggravée»
Malgré ses 350 places à la Porte d’Ulysse, 85 à sa maison pour femmes, une soixantaine d’autres dans des hébergements collectifs et encore 120 personnes logées quotidiennement dans des familles, Mehdi Kassou, représentant de la plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés, explique avoir une liste d’attente de 300 personnes qui grossit depuis un mois. Il s’agit d’Afghans, de migrants venus d’Afrique subsaharienne, d’Irak ou d’Éthiopie. «Il faudrait au minimum 750 places pour pouvoir souffler environ 6 à 8 semaines en attendant que les centres prévus par Fedasil ouvrent», estime Mehdi Kassou.
«La situation s’est aggravée depuis 2 semaines, mais on va poursuivre les procédures, car ce déni de droits n’est pas acceptable», défend Sotieta Ngo, directrice de la Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers (Ciré). Elle rappelle avoir décroché fin janvier une condamnation avec des astreintes de 5.000 euros par jour contre l’Office des Étrangers et Fedasil, qui sont réclamées, mais pas payées jusqu’alors. «Les défis sont de taille, mais il faut y répondre.»