Vaccination obligatoire du personnel soignant: Dermagne envisage «un retour en arrière»
Le ministre socialiste du Travail Pierre-Yves Dermagne a défendu lundi matin en radio l’accord dégagé vendredi sur l’obligation vaccinale du personnel soignant. La «possibilité d’un retour en arrière», pour ceux qui ne sont pas encore vaccinés contre la Covid-19, était essentielle aux yeux du PS, a-t-il martelé. Du côté des syndicats, on dénonce un message négatif et dont l’efficacité reste à prouver.
«Nous ne sommes pas convaincus que c’est le meilleur moyen pour obtenir un taux de vaccination à 100%. La majorité des travailleurs des soins sont vaccinés, ne laissons pas croire le contraire à la population», pointe au micro de Bel RTL Nathalie Lionnet, secrétaire fédérale non-marchand au Setca. Celle-ci déplore l’image donnée à la population, qu’un travailleur peut «être dangereux pour un patient», alors que le secteur manque justement de personnel qualifié.
Malgré les adaptations apportées au texte au fil de la semaine dernière (le licenciement direct comme sanction a été abandonné), la copie reste indigeste, comme l’indique également Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC, au micro de DH Radio. «C’est une réponse très partielle au malaise de fond dans les structures de soins, où l’on manque de bras et où l’on est fatigué au bout de deux ans. Venir avec cette vaccination obligatoire, sans proposer de solutions concrètes pour tenter de résoudre la saturation dans les systèmes de soins, c’est un message difficile», indique-t-elle.
D’autres mesures à privilégier
Il faudrait avant tout mieux ancrer les bases de la lutte contre le coronavirus dans la population, estime la syndicaliste: les gestes barrière (port du masque, distances…), la ventilation des locaux, «on sait que c’est la première protection, or on observe que c’est de moins en moins respecté». C’est la même chose avec les formulaires à remplir en entrant dans le pays, un outil qui n’est pas (suffisamment) contrôlé, ajoute Marie-Hélène Ska.
Pierre-Yves Dermagne, dont le président de parti Paul Magnette avait semblé désavouer l’accord du kern de début de semaine, indique lundi sur La Première (RTBF) que les partenaires sociaux «ont la possibilité de donner leur avis et de faire des contre-propositions».
Des discussions nécessaires
«Nous allons soumettre des propositions, mais nous allons encore en débattre», indique sur Bel RTL Nathalie Lionnet (Setca non-marchand). «La sanction reste totalement inacceptable pour nous», indique-t-elle.
Le projet façonné au cours de la semaine ne prévoit pas de mettre fin directement au contrat de travail d’une personne qui ne se fait pas vacciner, a rappelé Pierre-Yves Dermagne. Il laisse «un temps de réflexion, avec la possibilité d’avoir trois mois de chômage temporaire puis six semaines supplémentaires pour celui qui décide de s’inscrire dans un trajet de vaccination». Parallèlement, le PS souhaite ouvrir le débat sur la vaccination obligatoire pour tous. Les libéraux ont quant à eux déjà exprimé leur opposition à cette piste.