Après la pandémie, va-t-on retourner en télétravail à cause du prix de l’essence?
Est-ce le bon moment pour retourner au travail? Les travailleurs du monde entier se confrontent à la hausse exorbitante des prix du carburant au moment de retourner physiquement au bureau. Après deux ans de télétravail généralisé, rester à distance devient un argument pour les salariés et un moyen de négocier auprès des employeurs pour éviter de trop mettre la main au portefeuille.
La guerre en Ukraine et les tensions internationales entre la Russie et l’Occident entraînent une flambée des tarifs du carburant. Le prix du gazole a augmenté de 40 centimes en à peine deux semaines en France. Le 11 mars dernier, le gasoil à la pompe dépassait celui l’essence: 2,25 euros par litre tandis que le sans-plomb 95 atteignait les 2,15 euros par litre. Même son de cloche aux États-Unis, où le prix des carburants s’affiche en moyenne à 4,325 dollars pour un gallon, soit un peu plus d’un euro le litre. En Californie, le prix frôle même les 7 dollars.
Après la pandémie, la hausse du prix de l’essence
«Il y a un mois, on était en télétravail à cause de la pandémie, aujourd’hui on va y retourner à cause du prix de l’essence». Sur les réseaux sociaux, les internautes s’amusent de ce mauvais timing.
Car au moment où le carburant atteint des records, la plupart des salariés entament leur retour au bureau, au moins deux jours par semaine. Et la plupart des salariés ont besoin de leur voiture pour se rendre au travail. L’automobile reste le mode de transport le plus privilégié par les travailleurs. En 2020, trois Français sur quatre déclaraient utiliser la voiture pour se rendre au travail, selon l’Insee.
«Cela pose problème», réagit Stéphane Levesque, économiste des transports et mobilité. «Les déplacements le week-end peuvent être réduits, mais en semaine, tous ne peuvent être évités», rappelle celui qui est directeur de l’Union Routière de France.
Et bon nombre de métiers ne peuvent être exercés à distance. L’Insee dans une étude récente, rapport que près d’un travailleur sur deux n’est pas en capacité de télétravailler. Résultat: la flambée des prix du carburant tape en plein dans leurs portefeuilles et de plus en plus d’actifs pointent le fait que se rendre au travail en voiture leur fait perdre de l’argent.
Dans la région de Québec au Canada, la question de retour au télétravail a été mise sur la table pour l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés.
«Ça va certainement donner des arguments supplémentaires aux employés», déclare Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre à La Presse, en justifiant une économie de coût avec le télétravail. «Ils vont dire: ’Ça fait deux ans que je suis productif et efficace à distance et là tu me demandes de revenir au bureau deux ou trois jours par semaine. Voici les coûts supplémentaires’», explique-t-elle.
La généralisation du télétravail depuis le début de la pandémie, a démontré que ceux en capacité de travailler à distance pouvaient être productifs. Alors une fois de plus: pourquoi retourner au bureau?