L’activité physique au travail, un bienfait encore trop peu pratiqué
Trop peu d’entreprises et d’administrations proposent à leurs employés de faire du sport, dont les bienfaits sur la santé physique et mentale sont pourtant d’autant plus évidents avec le développement du télétravail, selon deux rapports récemment publiés.
Dans des recommandations publiées en mars, l’Académie nationale de médecine juge «important de prendre en considération le niveau d’activité physique et de sédentarité au travail comme déterminants de la santé». «L’ère numérique a majoré le temps de travail en position assise, avec des conséquences médicales de première importance. Pour certaines catégories, les conditions de travail pendant la pandémie, avec la promotion du télétravail, ont considérablement majoré l’inactivité et les temps de sédentarité», souligne le professeur Xavier Bigard, coordonnateur du rapport. L’activité physique a un bénéfice reconnu sur la prévention des maladies chroniques (diabète, maladies cardio-vasculaires…) et des pathologies liées au travail, de la lombalgie au burn-out.
Le sport en entreprise
Marche nordique, renforcement musculaire, badminton ou yoga à l’heure du déjeuner… «le lieu de travail peut constituer un endroit privilégié» pour l’activité physique de salariés qui n’en ont pas forcément la possibilité en dehors, selon M. Bigard.
Mais, selon un récent rapport, en France, seule une entreprise sur cinq (18%) propose une activité physique à ses collaborateurs. Et, au sein des administrations centrales, la pratique sportive reste «périphérique». Ce n’est assurément pas le cas à Décathlon. «À chaque réunion d’équipe une fois par mois, il y a une séquence de sport proposée de 2 à 3 heures, encadrée, chacun à son niveau», témoigne, encore surpris, un salarié récemment embauché comme informaticien et qui a ainsi fait du hockey sur gazon ou du badminton. «J’ai deux heures de pause déjeuner pour faire du sport», ajoute-t-il, et «mes collègues ressemblent davantage à un athlète qu’au cliché de l’informaticien un peu bedonnant».
Les freins sont nombreux: côté employeurs, difficultés d’accès aux équipements sportifs, manque de moyens financiers, d’accompagnement humain, crainte de voir leur responsabilité engagée en cas d’accident… mais aussi manque de temps et de motivation des salariés pour qui le sport relève du loisir et de la sphère privée. «Jusqu’ici, ce sont en premier lieu les sportifs, habitués à pratiquer un sport, qui profitent de l’offre proposée par leur entreprise», constate un député français.
Pour attirer les publics les plus éloignés du sport, elles suggèrent de parler d’activité physique et sportive (APS) afin d’évoquer «la santé et le bien-être sans nécessairement rappeler la dimension de compétition et de performance» du sport.
La pratique d’une APS en milieu professionnel est aussi bénéfique pour les employeurs et les dépenses publiques, détaille le rapport, faisant référence à une étude de 2015 réalisée notamment par le Medef.
Selon celle-ci, lorsque le salarié pratique une APS régulièrement, l’absentéisme (qui coûte chaque année 60 milliards d’euros et correspond à 17,2 jours d’absence par salarié) serait réduit de 5,6% et les dépenses de santé de plus de 300 euros par an. Et la productivité ferait un bond de 6 à 9%.