Alcool, humiliations, violences : le scoutisme dépasse-t-il les limites?
Les mouvements de jeunesse font un petit peu partie de notre ADN, en tant que Belges. Alors que le scoutisme est très mal perçu en France, il a globalement bonne réputation dans notre plat pays. Mais entre abus liés à l’alcool, humiliations durant la totémisation et violences pendant les camps, le scoutisme dépasse-t-il les limites? Metro s’est posé la question.
En Belgique, ce sont quelque 180.000 personnes qui font partie du grand mouvement du scoutisme. Et outre les membres actuels de cette fédération, les valeurs véhiculées par le mouvement ont transcendé de nombreuses générations les unes après les autres. Là où les Français jugent souvent que les scouts sont des catholiques extrémistes, il s’agit plutôt chez nous d’une école de vie, qui inculque des valeurs essentielles et un véritable vivre ensemble. Le tableau semble idyllique, mais il y a un «mais», car le scoutisme dispose également une face cachée.
Le problème de l’alcool
Les scouts sont les premiers à dire que le scoutisme a changéleur vie et qu’ils retiennentessentiellement du positif de cette expérience. Oui mais voilà, il y a tout de même des ombres au tableau. D’abord, la consommation d’alcool est omniprésente au sein des staffs, voire parfois chez les animés, et ce n’est un secret pour personne. Si l’on peut comprendre que le fait de se retrouver entre jeunes dans un cadre – qu’on se le dise – de vacances durant 10, 15, 20 jours donne envie de faire la fête, il reste clair que cela n’est pas en adéquation avec le fait d’être responsable d’un groupe de jeunes. Et si la fédération pose un cadre strict quant à la consommation d’alcool sur un camp (les chefs doivent à tout moment être en pleine possession de leurs moyens), la réalité est toute autre. L’année dernière, quatre communes wallonnes avaient interdit l’alcool sur les camps face aux nombreux débordements. Le monde politique avait alors jugé la mesure disproportionnée. L’était-ce réellement?
Un rite initiatique trop intense
Autre souci récurrent dans le monde du scoutisme: le sujet de la totémisation. Il est bon de savoir qu’à travers le monde, il n’y a qu’au Canada, au Luxembourg et en Belgique que l’on reçoit un totem et que l’on passe donc par la case de la totémisation, qui est interdite en France depuis plus de 30 ans. Chez nous, ce rite initiatique a de quoi faire frémir. Épreuves physiques extrêmes et parfois humiliantes souvent inspirées des baptêmes estudiantins, violences physiques et psychologiques, privation de sommeil, etc.: rien qui semble se rapprocher de la vision que Baden Powell avait il y a plus de 100 ans. Le tout est entouré de mystères et se cache derrière le fait que cela doit rester secret. Mais n’est-ce pas là une façon de camoufler certains abus? Que faudra-t-il pour que cette pratique soit remise en question?
Se regarder dans une glace
Bien entendu, le but n’est pas de faire des généralités ou de montrer du doigt le mouvement dans sa globalité. Le scoutisme, c’est super et ça ne doit jamais cesser d’exister. Mais dans un monde où notre société est en perpétuelle évolution, le scoutisme doit être capable de se regarder dans une glace et d’accepter que certaines choses ne vont pas au sein du mouvement. Le scoutisme dépasse-t-il les limites? Oui. A-t-on atteint un point de non-retour? Bien sûr que non.
Faire bouger les lignes
Depuis plusieurs semaines, Médor a lancé une grande enquête participative afin de récolter des éventuels débordements dans le milieu du scoutisme. Et si le magazine trimestriel a pour but d’ouvrir la discussion et de faire changer les choses, il semble clair que certains ne sont pas prêts à entendre que le mouvement a des problèmes. Sur le mur de témoignages du média, ils sont nombreux à dénoncer une campagne anti-scoutisme, là où les journalistes invitent – comme nous – à se poser les bonnes questions afin que le scoutisme (re)devienne un espace sain et bienveillant pour tous. La semaine dernière, une table ronde était organisée avec les fédérations scoutes, les journalistes à l’origine de l’enquête, et toutes les personnes intéressées par ce débat qui revêt d’une importance particulière en Belgique. Preuve s’il en fallait que le but, dans tout ça, c’est de faire bouger les lignes. Si vous souhaitez participer à l’enquête, rendez-vous sur le site: medor.coop/nos-series/scout-toujours/temoignage
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