Avril va-t-il devenir le nouveau mois de juillet?
Décaler la saison touristique. Telle est la solution de plus en plus mise en avant par les professionnels du tourisme pour faire face au réchauffement de la planète. Avec cette nouvelle donne climatique, le mois de juillet aurait moins la cote tandis qu’avril deviendrait la période phare des vacances de l’année.
Barcelone, Marseille, Nice et Malaga constituent le quatuor des destinations les plus recherchées par les Français pour le pont du 15 août, d’après les données de la plateforme de location de vacances Holidu. Cette analyse révèle combien l’Espagne et la France sont des incontournables quand il s’agit de profiter de l’été.
Mais compte tenu du dérèglement climatique, cela pourrait bien changer, et on a des difficultés à ne pas y croire tant les chaleurs extrêmes de ces dernières semaines, autant que les incendies qui ont ravagé les îles de Rhodes et de la Sicile, ont marqué les esprits. Si jadis on recherchait à tout prix le soleil pour sécuriser ses vacances d’été, la canicule est logiquement moins devenue un paramètre pour les touristes. Et avec cette nouvelle donne, les stars européennes de l’été perdraient de leur superbe. D’après l’avis de la Commission européenne, relayé par son portail d’informations Schengenvisainfo.com, les régions du littoral sud du vieux continent verraient leur fréquentation touristique réduite de près de 10% l’été si la température grimpait de trois ou quatre degrés. A l’inverse, on s’attend à ce que les destinations du nord de l’Europe gagnent en popularité, de l’ordre de 5%.
Rebattre les cartes
Ce nouvel échiquier dans le choix des destinations européennes de vacances redistribuerait les périodes de l’année durant lesquelles on visiterait le nord ou le sud. Ainsi, le mois d’avril deviendrait la période la plus plébiscitée et enregistrerait une hausse de 8,89% du flux touristique tandis que le mois de juillet serait celui où la baisse serait la plus accentuée, de l’ordre de 5,72%.
Selon la Commission européenne du tourisme, ce scénario serait déjà une réalité puisque le nombre de voyageurs ayant prévu de passer des vacances en Grèce, en Espagne ou au Portugal entre juin et novembre cette année a reculé de 4%.
Fiction hier, le décalage de la saison touristique, sinon son élargissement sur une plus grande période de l’année, devient de plus en plus une solution concrète. «Il faut sortir de la logique du tourisme hyper saisonnier. Plus les professionnels du tourisme proposeront une multitude d’activités et de services dans un tourisme de quatre saisons et non plus concentré sur juillet et août, moins ils seront dépendants d’un phénomène conjoncturel comme celui de la météo» nous avait confié Didier Arino, directeur du cabinet de conseil Protourisme et analyste des tendances des marchés touristiques. En 2020, lorsque la France était en pleine crise sanitaire et qu’elle n’avait pas encore vécu son deuxième confinement, un groupe de députés avait plaidé pour un report des vacances d’été au mois de septembre afin que les hôteliers et les restaurateurs profitent pleinement de l’attractivité touristique.
Désengorger certaines destinations
Cette solution ne permettrait pas seulement d’assurer de bonnes conditions de vacances aux touristes. Outre l’aspect économique, cette idée qui fait de plus en plus son bonhomme de chemin est aussi avancée pour désengorger les destinations en proie au surtourisme. Au mois de mai dernier, le Mont-Saint-Michel avait demandé aux visiteurs prévoyant un déplacement à l’occasion du week-end de l’Ascension de décaler leur projet en raison de la trop forte fréquentation prévue. Plus de 33.000 personnes s’étaient ainsi ruées vers la mythique destination normande, un niveau de fréquentation s’approchant de peu du record établi à 36.000 visiteurs journaliers. En juin dernier, lorsque le ministère délégué au Commerce avait dévoilé son plan pour réguler les flux touristiques dans certains territoires tricolores, on avait appris que 80% de l’activité touristique se concentrait sur 20% du territoire.
Face à cette situation, de plus en plus de sites touristiques décident d’imposer un quota de visiteurs, tels que l’île de Bréhat dans les Côtes-d’Armor, qui inaugure ce dispositif jusqu’au 25 août en accueillant 4.700 visiteurs par jour. Calanques de Marseille, cathédrales d’ocre de Rustrel, île de Porquerolles, îles Lavezzi en Corse…
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