Bon d’État à un an: comment les finances de la Belgique vont être impactées?

Le bon d’État à un an émis ce lundi a permis de lever 21,9 milliards d’euros auprès des ménages belges, a fait savoir hier le ministre des Finances Vincent Van Peteghem. Mais à quoi exactement vont servir ces bons d’État? Qu’est-ce qui va rester dans les caisses de la Belgique? Metro vous dit tout.

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 3 min.

On peut dire que le bon d’État aura été un franc succès pour le ministre des Finances Van Peteghem. La période de souscription de ce bon au taux brut de 3,3% (2,81% net) s’étendait du 24 août au 1er septembre. Au total, 234.310 personnes ont souscrit directement via le service des Grands Livres de l’Agence de la Dette, pour un montant de 7,093 milliards €. Le montant moyen de la souscription au bon d’État auprès de l’Agence s’élève ainsi à 30.272 euros. Les plus de 400.000 souscriptions par l’intermédiaire des banques représentent 14,803 milliards #, mais ce montant pourrait encore évoluer.

Avec ce bon d’État, «l’émission qui a remporté le plus franc succès dans l’histoire de la Belgique», le gouvernement fédéral entendait stimuler la concurrence, inciter les banques à relever leurs taux d’intérêt, et envoyer un signal positif aux marchés financiers.

Selon Vincent Van Peteghem, ce succès dit beaucoup de la population belge: «Le succès de l’émission du bon d’État à un an montre que nos ménages et nos isolés aspirent à un rendement plus élevé et plus sûr de leur épargne. Il appartient maintenant au secteur bancaire de tenir compte de ce signal et de regagner ainsi la confiance de ses épargnants.»

Quelles conséquences sur les caisses de l’État?

Selon Jean Deboutte, le Directeur de l’Agence de la Dette, ce sont de bonnes nouvelles. L’Agence de la Dette a constaté des changements positifs du côté des taux d’intérêt réclamés à la Belgique pour ses OLO, les obligations à long terme, l’argent que la Belgique emprunte à long terme sur les marchés financiers. Ainsi, l’écart entre les taux belges et ceux pratiqués en Allemagne ou en France ont baissé de 3 à 4 points de base grâce à ce succès.

Cela représenterait un avantage de 2,1 millions d’euros par an, et un gain de 21 millions sur dix ans, estime l’Agence de la Dette. Sous certaines conditions, l’Agence estime d’ailleurs que cela pourrait grimper à 150 millions d’euros.

Par ailleurs, la Belgique ne devra pas autant emprunter sur les marchés financiers et pourra utiliser l’argent récolté durant cette campagne. Résultat: l’État belge réduira de 10,4 milliards d’euros le montant des émissions de trésorerie au cours des prochaines semaines, rapportent nos confrères de la RTBF. Même son de cloche du côté des émissions de dette à moyen et long terme en 2023, puisqu’elles devraient être réduites de 2,25 milliards d’euros.

Qu’est-ce qui va rester dans les caisses de l’État?

« Nous garderons une bonne partie de l’argent en caisse, 9 milliards d’euros. Cela va nous donner des revenus d’intérêt », poursuit Jean Deboutte. Ces 9 milliards seront scindés en plusieurs paquets de «100 millions d’euros, de 200 millions d’euros». Cet argent va être placé à court terme sur le marché interbancaire. Il ne circulera qu’entre banques, voire entre États. Lorsque c’est le cas, le taux est de l’ordre de 3,60%. Si on investit l’argent pour un jour dans ce marché, on obtient 3,66%. C’est vraiment un taux intéressant pour nous », estime le patron de l’Agence de la Dette. Cet argent permettra à la Belgique de rembourser les souscripteurs du bon d’État dans un an, en septembre 2024.

Une nouvelle opération «bon d’État»?

Selon Jean Deboutte, ce n’est pas exclu, loin de là: « Nous avons toujours la possibilité de le faire.»