Ça veut dire quoi «du coup»?
Vous le savez mais vous ne pouvez pas y résister. Et «du coup» sort de votre bouche à peu près 15 fois par heure. Certains le haïssent, d’autres y sont addicts. Ce tic de langage a envahi toutes nos conversations. Mais au fond, ça veut dire quoi «du coup»? Et comment s’est-il incrusté à ce point dans notre langage?
Ainsi, donc, par conséquent, alors, finalement, c’est pourquoi, dès lors, de ce fait, aussi, de sorte que, en conclusion, etc.La langue française ne manque pas de mots pour relier deux phrases ou deux idées entre elles. Mais ces dernières années, toutes ces expressions ont été balayées par une seule: «du coup».
Pandémie de «du coup»
Cette locution adverbiale s’est définitivement hissée sur la première place du podium des tics de langage les plus fréquents. À l’écrit ou à l’oral, il s’immisce à tout bout de phrase. Et parfois même, au début. Il se glisse entre deux idées presque comme une virgule, venant ponctuer quasi chacune de nos conversations. Si vous tendez l’oreille, vous remarquerez vite à quel point ça peut devenir irritant (en fait, non, ne le faites pas, ce sera mieux pour vous!)
Si le «du coup» remplit parfois un rôle de connecteur logique, il sert aussi à changer de sujet ou tout bonnement à remplir les blancs. Et parfois, il n’a même juste… aucune fonction. Et c’est bien à cela que l’on reconnaît un tic de langage.
Comme tout bon tic de langage: plus on l’entend… plus on a tendance à l’utiliser soi-même. C’est ainsi que le tic se répand. «Du coup» finit même par transcender toutes les générations et les sphères sociales. Et comme tous les tics, le pire est que cela nous arrive sans s’en rendre compte.
Ça veut dire quoi?
La plupart du temps, du coup vise à exprimer la transition, l’enchaînement entre deux idées.
Si l’on interroge le dictionnaire le Robert, «du coup» (familier) signifie «de ce fait». Ce connecteur est donc là pour marquer la conséquence, un lien de causalité entre deux événements (même si l’Académie française est plus exigeante à ce sujet – lire ci-dessous). Dans ce contexte, son emploi est donc tout à fait correct. Mais force est de constater qu’aujourd’hui, du coup relève le plus souvent du parasite lexical que du connecteur logique.
Qu’est-ce que ça dit de nous?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les tics de langage ne sont pas complètement inutiles. En effet, ces petites expressions contribuent à la fonction phatique du langage. C’est-à-dire qu’elles servent à maintenir le lien entre la personne qui parle et son interlocuteur. Ils servent donc davantage l’interaction sociale que l’information effectivement communiquée.
Dans le cas spécifique du «du coup» qui commence tant de nos phrases, que dit-il de nous? «Cet essor de ‘du coup’ nous montre peut-être que c’est compliqué de commencer un propos», analyse Laélia Véron, linguiste et chercheuse, au micro de France Inter. «Et que de marquer, ou de donner l’illusion d’une continuité, d’un lien logique, ça nous rassure et nous aide à prendre la parole.»
«Du coup», «en fait», «tu vois», «en vrai»… Les tics de langage apparaissent et disparaissent au fil des ans. Rien de plus normal: le français est une langue vivante et c’est dans sa nature d’évoluer. Si vous voulez toutefois vous en détacher, ce n’est pas impossible. On peut conserver le «du coup» mais en user avec parcimonie, tout en essayant de se challenger soi-même: en diversifiant son vocabulaire et en glissant de nouveaux mots dans ses conversations de façon à se les approprier peu à peu. Vous savez ce qu’il vous reste à faire du coup!