Chips ou tabac: lequel des deux est le plus addictif?
Certains aliments hautement transformés comme les boissons gazeuses sucrées, les biscuits, les chips ou encore les hamburgers seraient tout aussi addictifs que le tabac, selon une étude américaine.
Quand vous êtes stressés, vous vous jetez parfois sur un gros paquet de chips? «Personne ne va se jeter sur le brocoli», déclare la neuroscientifique américaine Alexandra DiFeliceantonio, qui a mené une étude avec la psychologue Ashley Gearhardt sur le potentiel de dépendance des aliments hautement transformés, rapporte Insider.
Ces aliments manquent de fibres, contiennent beaucoup de sucre ajouté, de sel et de matières grasses. Leurs étiquettes nutritionnelles comprennent une longue liste d’ingrédients souvent méconnaissables. Ils sont peu coûteux et ont une longue durée de conservation.
Mais sont-ils aussi addictifs que le tabac? Les chercheuses ont analysé les critères utilisés par l’administrateur de la santé publique des États-Unis en 1988 pour identifier les cigarettes comme sources de dépendance. Parmi ces différents critères, on retrouve la consommation compulsive, les sautes d’humeur et l’envie incontrôlable.
Augmentation de la dopamine
Les substances addictives augmentent la libération de dopamine dans les circuits de récompense du cerveau. Les chercheuses Gearhardt et DiFeliceantonio ont découvert que les aliments hautement transformés et la nicotine augmentaient la dopamine dans la même partie du cerveau et à une ampleur similaire: 150% à 200% au-dessus de la ligne de base pour les aliments hautement transformés, contre 150% à 250% pour la nicotine.
«La capacité des aliments hautement transformés à fournir rapidement des doses anormalement élevées de glucides raffinés et de graisses semble être la clé de leur potentiel de dépendance», affirme DiFeliceantonio.
Dans un article publié dans la revue Addiction, les chercheuses ont conclu que le potentiel de dépendance de ces produits transformés «peut être un facteur clé contribuant aux coûts élevés de santé publique associés à un environnement alimentaire dominé par des aliments hautement transformés bon marché, accessibles et fortement commercialisés.»
Même combat que pour le tabac
Les chercheuses s’attendent à un débat animé autour de la question de savoir si ces aliments peuvent être qualifiés d’addictifs. Il n’y a pas de quantité déterminée par laquelle un produit doit augmenter la dopamine pour qu’il soit considéré comme une dépendance.
Les fabricants de tabac et le grand public ont été lents à accepter que le tabac était addictif et nocif. «Cela a retardé la mise en œuvre de stratégies efficaces pour faire face à cette crise de santé publique», affirme Gearhardt. Selon elle, le fait d’ajouter des publicités dissuasives et des étiquettes d’avertissement sur les paquets de cigarette a «sauvé des millions de vies». La psychologue espère que le même type de mesures sera appliqué pour contrer la dépendance alimentaire.
«Faire une erreur et classer ces substances comme addictives alors qu’elles ne le sont pas cause moins de dommages que l’inverse», selon DiFeliceantonio. Elle espère que le débat amènera plus de gens à réfléchir et à parler des propriétés addictives des aliments hautement transformés et de leur impact sur la santé humaine, et qu’il stimulera la demande pour plus de recherches.