Chute des prix de l’énergie: quand peut-on s'attendre à une sortie de crise?
Les prix du gaz en Europe continuent à reculer et atteignent leur plus bas en 16 mois. Cette semaine, le contrat de référence pour le continent, le TTF sur le marché néerlandais, a encore chuté de plus de 10%, sous les 60 € le mégawattheure (MWh), soit le prix le plus bas depuis septembre 2021.
Un contexte encourageant
Cette baisse s’explique d’abord par le temps exceptionnellement doux que l’on connaît cet hiver. Ensuite, parce que les ménages ont adopté les bons gestes pour réduire leur consommation. Ajouté à cela l’approvisionnement en gaz liquéfié (GNL) comme substitut au gaz russe. Résultat: les stocks européens d’énergie n’ont pas été trop entamés. L’espoir perdure donc que l’Europe puisse passer l’hiver sans pénurie de gaz, et sans pics de prix trop importants.
Si le prix actuel reste encore deux fois plus élevé que le prix moyen de ces cinq dernières années, la pression sur le marché semble s’être apaisée. Peu à peu, le marché de l’énergie retrouve son équilibre, même si les tarifs restent globalement plus élevés que par le passé.
Dès lors, l’on est en droit de s’interroger: quand la baisse des prix de l’énergie va-t-elle se répercuter sur les autres secteurs? Et quand peut-on s’attendre à sortir de ce marasme économique dans lequel nous sommes plongés depuis des mois?
Le début de la fin d’une crise?
Interrogé par nos confrères de la Dernière Heure, l’économiste Bruno Colmant tempère: «je ne peux pas vous dire qu’on sort enfin de la crise financière, mais plutôt qu’elle ne va pas s’aggraver en 2023», nuance-t-il. «Certes, les prix de l’énergie baissent, mais il y aura un effet retard. Tous les secteurs ne vont pas être soulagés du jour au lendemain.»
Selon lui, il faut que les prix du gaz passent sous la barre des 60€ MWh «pour revenir à un niveau tolérable économiquement». Or, il s’agit là d’un seuil sous lequel le marché ne s’est pas encore stabilisé – même si la tendance actuelle est encourageante.
Autre élément à prendre en compte, souligne l’économiste, c’est l’indexation des salaires : un système qui peut retarder la sortie de crise. Car s’il permet aux salariés d’encaisser le coup face à une crise, «cela pose aussi un souci de compétitivité aux entreprises», relève Bruno Colmant. «Cette hausse la masse salariale peut pousser à une augmentation des prix par effet boule de neige. La clé sera de ne pas entrer dans cette spirale prix-salaire qui fait tout augmenter par effet rebond. Je pense que cela sera limité, mais c’est pour cela aussi que la sortie de crise n’est pas pour demain.»
Même si les signaux semblent donc plutôt favorables, difficile pour l’heure de prédire une véritable sortie de crise. Avec une inflation annuelle attendue estimée à 5,3%, 2023 devrait nous permettre d’échapper au pire. Aux yeux de l’économiste, il faudrait toutefois attendre 2024 (et une inflation aux alentours de 2%) pour constater un retour à la normale.
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