Coccinelles, abeilles, papillons: pourquoi il ne faut pas se réjouir de voir ces insectes au jardin
Ces derniers jours, nous sommes nombreux à avoir profité des magnifiques journées d’automne pour passer du temps à l’extérieur. Et nous y avons croisé de nombreux petits êtres: coccinelles à foison, abeilles, guêpes, moustiques, papillons… Mais comment expliquer leur présence au jardin en ce début de mois de novembre?
Notre nature est à contretemps
À cette époque de l’année, tous ces insectes ne devraient pas être aussi actifs. Leur cycle de vie (tout comme ceux des plantes et des animaux) est calqué sur le rythme de la nature. Ils s’adaptent en fonction des températures et de la durée d’ensoleillement.
«Les insectes sont des animaux ectothermes, leur température interne est équivalente à celle de l’extérieur. Tant qu’il fait chaud, les insectes sont actifs», explique Mathieu De Flores, entomologiste et spécialiste des insectes contacté par Ouest-France.
Et si les températures se dérèglent, les insectes ne perçoivent plus de signal leur annonçant l’arrivée de l’hiver. Conséquence: ils ne savent pas s’y préparer. Habituellement, les chutes de températures les poussent à passer en phase d’hibernation, et donc à faire leurs stocks de nourriture auparavant. Mais cette année, les insectes ont du retard dans le domaine.
En étant actifs plus longtemps, ils s’exposent à de grands risques. C’est le cas notamment des coccinelles, illustre Mathieu De Flores. «Elles n’auront pas trouvé la source de nourriture qui leur convient. Si elles sont actives indéfiniment mais que les pucerons ne sont plus là, elles vont finir par s’épuiser et mourir en plus grand nombre que si elles étaient entrées en mode dormance pour passer l’hiver.»
C’est la même mécanique pour les insectes qui se nourrissent de nectar, comme les guêpes. «Si les insectes continuent à voler dans tous les sens mais qu’il n’y a plus de nourriture, ils vont mourir avant de pouvoir rentrer en dormance», prévient l’entomologiste.
Menacées d’extinction
Fragilisés par leur longue activité, ces insectes ne survivront pas aux premiers froids. Ils n’auront pas le temps de se reproduire, entraînant, très probablement, une diminution des populations au printemps prochain.
Face au dérèglement climatique, nos écosystèmes n’ont d’autres choix que de s’adapter, au risque de voir de nombreuses espèces s’éteindre.
«De nombreux travaux prouvent que plus il existe d’espèces, mieux l’écosystème dans son ensemble s’adapte», souligne Colin Fontaine, écologue au CNRS. D’où l’importance de défendre et préserver notre biodiversité, insiste le chercheur. «L’adaptation au changement climatique sera plus aisée si les espèces sont avant tout nombreuses et en bonne santé».