Comment des chercheurs ont-ils réussi à recréer un embryon humain (sans humains) ?

L’incroyable s’est produit. Pour la toute première fois, des chercheurs sont parvenus à créer un embryon humain sans sperme, ni ovule. Une découverte qui promet de tout changer.

par
Sarah Mangeleer
Temps de lecture 3 min.

On doit cet embryon extraordinaire aux scientifiques de l’Institut Weizmann, situé à Israël. Ceux-ci ont réussi l’exploit de créer un embryon humain, uniquement à partir de cellules souches. Cet embryon s’est développé en dehors d’un utérus et ce, pendant quatorze jours au total. Pourquoi s’être arrêté là ? À cause de la loi bioéthique apparue en 2021. Celle-ci délimite la limite légale à partir de laquelle on peut (ou non) travailler sur des embryons humains.

Toujours est-il qu’après ces deux semaines, cet embryon était doté de toutes les caractéristiques de croissance nécessaires : du sac vitellin au précurseur du placenta. Des résultats tout simplement incroyables qui ont laissé les scientifiques bouche bée. « Il s’agit du premier modèle d’embryon qui a une organisation structurelle (…) et une similitude morphologique avec un embryon humain au jour 14 », a expliqué le professeur Jacob Hanna, le cocréateur de l’étude. Lors de ce quatorzième jour, ce minuscule embryon mesurait 0,5 mm et contenait déjàpas moins de 2 500 cellules. Mais comment les chercheurs ont-ils réussi pareille prouesse ? Tout simplement grâce aux cellules souches !

Des cellules « programmables »

Les cellules souches peuvent être programmées pour réaliser n’importe quelle tâche. Et les scientifiques ont décidé de leur conférer la mission de former un embryon. Une tâche que ces dernières ont accomplie haut la main.

D’après Vincent Pasque, le second coauteur de l’étude et chef du laboratoire sur les cellules souches à l’université de Louvain, « la clé pour ce projet, c’est de comprendre comment utiliser les cellules souches pour faire des cellules ressemblantes aux cellules de l’embryon ».

Cependant, il ne s’agit pas là d’une mince affaire puisque, tout d’abord, très peu de littérature existe sur le sujet mais aussi, une fois la seconde semaine atteinte, l’embryon humain, nidifié dans l’utérus, devient totalement inaccessible…

Une étude prometteuse

Si cette nouvelle étude a obtenu des résultats plutôt concluants, elle n’est pas sans limites. Vincent Pasque souligne qu’il existe encore de nombreuses différences avec un embryon naturel. Par exemple : certaines cellules de mésoderme extra-embryonnaire ne sont « pas au bon endroit ». Malgré cela, cette nouvelle étude représente une véritable avancée en la matière et celle-ci devrait en inspirer plus d’un à creuser encore plus profondément le sujet.

Le but de ces embryons

Si vous vous demandez à quoi, exactement, ces embryons peuvent servir, sachez qu’ils sont utiles dans plusieurs domaines. Le tout premier est d’aider à mieux comprendre les premiers stades du développement humain :« La première étape est de comprendre ce qui se passe. Ensuite seulement il sera possible de mettre en œuvre des potentielles avancées médicales » a déclaré le chercheur.

Ensuite, ces embryons pourraient intervenir et aider dans les problèmes de fertilité. Ce n’est pas tout, ils peuvent également permettre de diagnostiquer et de prévenir certaines maladies qui se développent très tôt dans l’embryon. Ils permettraient également de mieux mesurer l’impact de certains médicalement sur de véritables embryons humains.

Est-ce possible de créer de véritables bébés humains?

La réponse est non. Comme l’explique le docteur Peter Rugg-Gunn, ces embryons « ne peuvent pas être utilisés pour la grossesse », a expliqué Jacob Hanna. « Ce modèle d’embryon ne pourrait pas se développer s’il était transféré dans un utérus, parce qu’il contourne l’étape nécessaire pour s’attacher à la paroi de l’utérus ».

Malgré tout, cette découverte offre tout tas de nouvelles possibilités incroyables. Possibilités qu’il faudra bien évidemment réguler et tenir à l’œil puisqu’elles soulèvent pas mal de questions éthiques « Il y a un besoin de discuter pour réguler ce champ de recherche, car ce n’est pas clair, d’autant plus que la législation varie d’un pays à l’autre » met en garde Vincent Pasque. Affaire à suivre.

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