Comment les collectifs féministes s’intègrent progressivement dans la vie nocturne bruxelloise?
Dans le monde de la nuit, les collectifs ne datent pas d’hier, mais se font sans doute une place de plus en plus importante, notamment grâce à la visibilité que leur confèrent les réseaux sociaux. À Bruxelles, nombreux sont les événements qui sont organisés par ce type d’associations au sein desquelles deux mots reviennent souvent: féminisme et inclusivité.
La Belgique est sortie de deux années de crise sanitaire avec une furieuse envie de rattraper le temps perdu et célébrer la vie en musique. Au sein de la vie nocturne bruxelloise, de nombreux collectifs, soit des groupes de personnes qui s’associent pour créer des événements, ont éclos ou ont, en tout cas, repris leurs activités qui étaient suspendues depuis trop longtemps. Parmi ceux-ci, force est de constater que le féminisme revient souvent comme une valeur centrale.
Un collectif féministe, c’est quoi?
Pour faire simple, un collectif qui se dit féministe aura à cœur de mettre en avant les artistes sexisé.e.s, comme les femmes cis-genres, les personnes transgenres, les personnes non-binaires et les membres de la communauté LGBTQIA+. Il suffit de jeter un œil aux affiches des plus grands festivals pour réaliser que ces minorités sont sous-représentées. Même en coulisses de ces événements d’ampleur, on se retrouve dans un monde où les hommes sont archi-majoritaires. Le but de ce collectif est donc de donner une voix à ces personnes sexisées et de faire du monde de la musique un monde plus paritaire et inclusif.
Dans ce monde plein de nouveaux venus, «Les Volumineuses» a notamment été créé au début de l’année 2022 avec pour volonté de faire bouger la scène musicale et le monde culturel bruxellois. Jeanne Gabriel, bénévole responsable du pôle communication au sein du collectif, nous explique d’où vient ce nom: «La signification du terme ‘Volumineuses’ est double: d’un côté, nous souhaitons prendre plus de place, plus de volume. De l’autre, nous souhaitons augmenter le volume sonore et mettre en évidence les inégalités de genres dans le secteur.»
Du féminisme, mais pas seulement
Si le féminisme est une valeur centrale des «Volumineuses», elle n’est pas la seule, puisque le collectif se veut aussi inclusif que possible: «On a certaines valeurs qui sont assumées, à commencer par l’inclusivité. Nous voulons donc protéger les droits des femmes et des minorités de genres, mais pas que. Nous luttons aussi contre le racisme, l’invalidisme, l’âgisme, etc. Cela fait partie d’un ensemble de principes que l’on pourra bientôt retrouver dans une charte sur laquelle nous travaillons depuis plus d’un an.»
Un obstacle difficile à franchir
Jeanne et ses 15 comparses au sein du collectif souhaitent faire grandir leur projet, mais se retrouvent confrontées à certains obstacles, à commencer par l’aspect financier: «Comme tous les collectifs qui se lancent, ce n’est pas évident de grandir. Nous avons reçu des subsides pour organiser trois événements l’année dernière, mais ce n’est pas suffisant. Nous aimerions en vivre et pouvoir rémunérer tout le monde de façon équitable, à commencer par les artistes.»
La jeune femme appelle donc à la création de subsides structurels pour soutenir ce type de collectifs qui fait vivre la capitale. L’objectif n’est pas seulement de faire la fête en musique, mais aussi et surtout de créer du lien et des ponts entre les Bruxellois de tous horizons. «Pour le moment, on rassemble surtout des membres de la communauté féministe de Bruxelles, qui est notamment composée par nos amis, mais l’objectif reste que cela soit accessible, raison pour laquelle les événements sont toujours à prix libre. Nous aimerions qu’il y ait une dimension familiale dans nos événements», précise Jeanne Gabriel.
Pour continuer à «prendre de la place» et financer ses événements en 2023, «Les Volumineuses» ont décidé de lancer un crowdfunding auquel tout un chacun pourra bientôt participer, via la plateforme Growfunding le 1er mars prochain.