Contamination aux PFAS: de l’eau du robinet toxique en Wallonie ?

Mauvaise surprise pour les habitants de la réagion d’Ath. C’est près de 12 villages qui ont consommé, à leur insu, une eau contaminée aux produits chimiques toxiques et ce, pendant un an et demi. Mais comment une telle chose est arrivée ? Metro vous explique.

par
Sarah Mangeleer / Belga
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Selon une enquête de la RTBF, les habitants de 12 villages de la région d’Ath (Chièvres, Tongre-Saint-Martin, Tongre-Notre-Dame, Huissignies, Ladeuze, Moulbaix, Villers-Notre-Dame, Ormeignies, Tourpes, Blicquy, Chapelle-à-Oie, Ellignies-Sainte-Anne, Aubechies) ont consommé une eau contaminée aux PFAS - des produits chimiques extrêmement persistants - entre octobre 2021 et mars 2023.

«Ces analyses n’ont jamais été communiquées aux citoyens ni même aux responsables des communes concernées», dénonce la ville d’Ath qui a immédiatement interpellé le cabinet de la ministre et la SWDE «afin d’obtenir les informations les plus complètes possibles sur la situation et les risques éventuels encourus par les habitants, de même que sur l’efficacité réelle des filtres à charbon placés pour remédier au problème».

Comment une telle chose a-t-elle pu se produire ?

Selon la RTBF, les analyses d’eau de distribution à Chièvres ont montré que quelque 12.000 habitants de la région ont consommé une eau contaminée aux PFAS dépassant de 5 fois la dose tolérable fixée par l’Autorité européenne de la sécurité des aliments.

En juillet 2021, dans la foulée du scandale de l’usine 3M à Zwijndrecht, il était apparu que l’armée américaine avait constaté, en 2017, à la caserne de Chièvres un dépassement des normes US de teneur en certains PFAS dans l’eau courante.

Le cabinet Tellier s’était alors emparé de la question et des mesures avaient été effectuées dans les puits entourant la base militaire. Quelques semaines plus tard, l’Institut scientifique de service public (ISSeP) avait bouclé une première analyse démontrant qu’il n’y avait aucune présence problématique de PFAS dans l’eau courante.

Mais à l’époque, il n’existait pas de norme sur ces produits chimiques dans l’eau potable en Wallonie, la directive européenne consacrée au sujet ne devant entrer en vigueur qu’en janvier 2026, pointe la RTBF. Cette directive prévoit que la concentration de 20 substances PFAS additionnées ne peut dépasser la limite de 100 ng/L. Or, l’ISSeP n’a analysé que 6 des 20 substances et arrivait déjà à une somme de 87,29 ng/L, des résultats qui ont en outre empiré dans les mois suivants jusqu’à l’installation de filtres à charbon actif en mars 2023.

Qu’est-ce que c’est au juste ?

Les PFAS (ou "substances per- et polyfluoroalkylées") sont des «produits organiques utilisés lors de différents processus d'hydrochimie. Ils résistent aux températures et aux graisses et on le retrouve par exemple dans les produits cosmétiques et les cartons de pizzas», a expliquéMarnik Vanclooster, professeur à la faculté des bioingénieurs de l'UCLouvain à 7 sur 7. «Il faut savoir que ces produits très résistants se dégradent difficilement dans l'environnement et peuvent avoir une incidence en termes de santé publique, on sait notamment qu'ils sont cancérigènes", a révélé Marnik.

La prudence est de mise

«Les autorités communales invitent les populations concernées à la plus grande prudence, et exigent des certitudes sanitaires concernant la consommation actuelle de l’eau ainsi que la mise en place d’une étude scientifique auprès des populations concernées afin de connaitre l’ampleur de l’exposition aux PFAS, les risques encourus et les mesures qui doivent être prises pour les habitants concernés», a déclaré la ville d’Ath.

Par mesure de précaution, cette dernière a suspendu l’utilisation de l’eau du robinet dans l’école communale d’Ormeignies qui a été approvisionnée en eau en bouteille.

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