Faut-il interdire les filtres de beauté sur les réseaux sociaux?

Au début, lorsque les filtres sont apparus sur Snapchat, c’était marrant. On s’amusait à se mettre des oreilles de chien sur la tête. Mais depuis, les choses ont bien changé. Les dérives sont nombreuses et des études ont montré que les filtres de beauté pouvaient avoir un impact sur la santé mentale des utilisateurs. Faudrait-il les bannir? On fait le point.

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ETX avec rédaction en ligne
Temps de lecture 4 min.

Faut-il interdire les filtres de beauté sur les réseaux sociaux? C’estune question que se posent de nombreux parents, mais aussi de professionnels de la santé.

Un impact négatif sur l’estime de soi

Une étude menée aux États-Unis par StyleSeat, une plateforme de réservation beauté et bien-être, a demandé à 700 Américains de tester le filtre «Bold Glamour», qui garantit un visage sans aucune imperfection.Ils ont ensuite été interrogés sur leur perception des filtres de beauté populaires sur les réseaux sociaux. Et le constat est sans appel: trois personnes interrogées sur cinq estiment qu’ils sont mauvais pour la santé mentale et 70% craignent qu’ils aient un impact négatif sur l’estime de soi.

Contrairement aux idées reçues, les plus jeunes ne sont pas plus enclins à se tourner vers les filtres de beauté lorsqu’ils publient des photos ou des vidéos sur les réseaux sociaux, ils en redoutent tout du moins les effets. Près des trois quarts des répondants issus de la génération Z (72%) considèrent que ces filtres ont un impact négatif sur la santé mentale. Et pour cause, ces applications qui modifient l’apparence des utilisateurs, souvent pour répondre à certains standards de beauté, pourraient être à l’origine de complexes, voire de dysmorphophobie, qui se caractérise par une obsession pour des défauts physiques inexistants ou imperceptibles. Le sondage révèle à ce titre qu’un Américain sur trois aimerait avoir la même apparence dans la vie réelle que lorsqu’il s’admire avec un filtre de beauté.

Faut-il imposer une limite d’âge?

Face à ce constat, la population américaine affirme redouter davantage encore l’impact des filtres de beauté sur la santé mentale des plus jeunes. Nombreuses sont les plateformes sociales qui ont mis en place des règles et restrictions pour les plus jeunes, et notamment les adolescents et enfants de moins de 16 ans (l’âge requis pour s’inscrire dépend du pays d’origine). Mais cela ne concerne pas les filtres de beauté. Raison pour laquelle un Américain sur trois estime aujourd’hui que ces derniers devraient être soumis à une limite d’âge, et un sur cinq considère même qu’ils devraient être complètement interdits.

Les standards de beauté transformés

Il faut rappeler que les filtres de beauté modifient totalement l’apparence en fonction de stéréotypes bien spécifiques: un teint zéro défaut, un nez fin, un menton et des pommettes parfaitement sculptés, et un regard lumineux… Une perception de la beauté bien éloignée de la réalité, et davantage encore de la diversité de la population mondiale. Il n’est donc pas étonnant d’apprendre qu’après avoir visualisé leur visage à travers le filtre «Bold Glamour», environ 20% des sondés ont déclaré se sentir moins sûrs d’eux. Et une écrasante majorité (80%) affirme d’ores et déjà que ce type de filtres a transformé les standards de beauté.

Des sentiments d’anxiété

L’impact des réseaux sociaux sur la santé mentale et l’estime de soi n’inquiète pas qu’aux États-Unis, comme l’a montré un sondage réalisé par Edelman DXI pour Dove, en collaboration avec Mental Health Europe, et l’association e-Enfance, publié au printemps dernier. Mené auprès de la population générale, mais aussi de parents, d’adolescents, et d’experts de la santé mentale des jeunes, il mettait en lumière l’inquiétude grandissante des professionnels de santé vis-à-vis de l’utilisation des filtres en France. Plus de la moitié d’entre eux (52%) estimaient alors que les contenus incitant à l’usage intensif de filtres pouvaient être à l’origine de sentiments d’anxiété, tout comme ceux montrant des corps parfaits ou éloignés de la réalité (44%).

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