«Joyeux Noël…»: Pourquoi nos parents mettent tant de points de suspension dans leurs messages?

Mais pourquoi les messages WhatsApp de nos parents sont-ils remplis de points de suspension? Une linguiste décrypte ce phénomène et vous allez le voir, c’est plutôt rassurant (mais toujours un peu désespérant!).

par
T.W.
Temps de lecture 3 min.

Si comme moi votre maman est née dans les années 1960, voire dans les années 50 ou 70, il y a des grandes chances que les messages qu’elle vous envoie sur WhatsApp, Messenger (ou même par SMS soyons fous!) soient remplis de points de suspension (les fameux trois petits points…). Pour la nouvelle année 2024, j’étais prêt à lui dire qu’elle devait absolument prendre comme bonne résolution d’arrêter de mettre «…» à la fin de chaque phrase. J’ai vérifié parfois il y en a même quatre…

Juste une question de génération mon petit gars

Parfois (souvent même), les points de suspension remplacent le point d’interrogation. D’autres fois, ils sont mis là où nous, on aurait mis un point d’exclamation. Le problème, c’est que pour beaucoup de jeunes adultes nés dans les années 80 ou 90, mettre trois petits points à la fin d’une phrase signifie un sous-entendu, voire même un reproche ou du mécontentement. Du coup, recevoir «Joyeux anniversaire…» ou «Joyeux Noël…» de son papa ou de sa maman par message, ça fait toujours un drôle d’effet et ça pose quelques questions.

Des significations différentes

Et puis, je suis tombé sur un Réel de Franceculture qui se propose de «décrypter la linguistique de votre groupe WhatsApp familial» et plus particulièrement de l’utilisation abusive des points de suspension. Pour la linguiste Chloé Léonardon, «La génération X (1965-1980) et les baby-boomers (1946-1964) n’ont pas grandi avec Internet. Chez eux, il y a ce besoin d’exprimer qu’on est dans un dialogue». Selon elle, les points de suspension permettent à nos aînés de ne pas couper la phrase comme c’est le cas avec le point. Ils permettent «de laisser cette continuité dans le dialogue justement pour dire ‘je parle mais je ne coupe pas la parole, je ne coupe pas la conversation’». «Tout ce temps à croire que ma mère m’en voulait pour quelque chose avec ses «bonjour rachid…» sur WhatsApp alors qu’elle prenait juste des pauses», s’exclame @rachidowsky13 sur X.

«Ça amène des incompréhensions»

Les points de suspension utilisés par nos parents n’ont donc pas la même signification que pour nous. Ouf! «Il y a un petit décalage, voire même un gros, qui se crée à chaque fois, et ça amène des incompréhensions», souligne la linguiste. Pour le journaliste de Franceculture, ils permettent aux «boomers» de retranscrire les pauses qu’ils font à l’oral. Tout simplement! «En fait, les points de suspension, c’est le lieu de tous les possibles. On en dit moins pour en dire plus», conclut-il dans sa vidéo.

Voilà, n’en voulez pas à vos parents de mettre «…» partout. Ce n’est pas vraiment leur faute et pour eux, ça n’a pas la même signification que pour vous. «Quand vos parents boomers écrivent: – «Bonjour… ok… à demain…» Ils ne vous font pas la gueule. Ils ont juste oublié la fonction de la virgule», conclut à sa façon @P_Aymeric.

Par contre, vous pouvez tout à fait profiter des fêtes de fin d’année pour enfin leur montrer où se trouve le point d’interrogation sur le clavier virtuel de leur smartphone!

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