La rilatine, un médicament miracle ou un danger pour nos enfants?

Depuis le début des années 60, la rilatine est utilisée pour traiter les troubles de l’attention chez les adultes, mais aussi et surtout chez les enfants. Ces dernières années, on en est venus à se demander si ce médicament n’était pas distribué trop largement. Entre effets secondaires inquiétants et risques pour la santé mentale et physique des plus jeunes, la rilatine est souvent décriée. À tort? Metro s’est penché sur la question.

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 4 min.

TDAH. Ces dernières années, vous n’avez pas pu passer à côté de ces quatre lettres qui reviennent régulièrement au centre des débats, surtout lorsqu’on parle d’éducation. Elles correspondent au trouble du déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité. On estime que cette maladie chronique touche entre 3 à 12% des enfants, pour 1 à 6% des adultes. Et bien souvent, pour les traiter, on utilise la rilatine.

La rilatine, c’est quoi?

La rilatine, également connue sous le nom de méthylphénidate, est un médicament stimulant souvent prescrit pour le traitement du TDAH chez les enfants et les adultes. En d’autres termes, lorsque vous prenez de la rilatine, vous serez beaucoup plus concentré sur la tâche que vous effectuez, quelle qu’elle soit. Sauf que voilà, certains experts estiment que donner ce médicament à un enfant, c’est parfois choisir la facilité. En effet, d’autres choses peuvent être mises en place, notamment des aménagements scolaires, avant d’en arriver là. «C’est un médicament qui a des effets spectaculaires et aide énormément en cas d’échec scolaire ou de difficultés d’intégration à l’école mais certains médecins généralistes ont tendance à prescrire ce médicament de manière systématique. Dans de nombreux cas, le médicament n’est pas du tout indispensable», explique Jacques Grégoire, expert des enfants haut potentiel à nos confrères de la DH.

Quels sont les effets de la rilatine?

Qui de mieux pour vous en parler que moi, auteur de cet article, qui a été pendant plusieurs années de son adolescence sous rilatine ? À l’époque (et les choses n’ont pas totalement changé), j’étais un enfant turbulent, qui avait du mal à me concentrer et à rester en place. Bref, un p’tit gars qui souffrait du TDAH. Lorsque ma neurologue a décidé de me prescrire de la rilatine, je l’ai vu comme une opportunité de performer en classe, ce qui me convenait très bien. Sauf que rapidement, j’ai réalisé l’impact que le médicament avait sur ma vie sociale et sur mon caractère. Lorsque je descendais dans une cour de récréation, mon cerveau ne se mettait pas sur «OFF» et n’attendait qu’une chose, retourner à ce que j’avais entrepris en classe. En concertation avec mes parents, qui ne voulaient pas voir leur fils se légumiser, j’ai donc arrêté de prendre ce médicament et je suis redevenu un petit ‘con’ turbulent, mais un petit ‘con’ qui n’était pas mort socialement, au moins. Car quand on se penche sur la liste des effets secondaires, elle est effrayante: perte d’appétit, insomnies, nervosité, anxiété, dépendance, changements d’humeur,etc.

À bannir à tout prix?

Bien entendu, la rilatine n’est pas un médicament à éviter absolument. Il est juste important de prendre de la rilatine suite à un diagnostic précis d’un médecin qui ne prescrit pas de la rilatine parce qu’un enfant est turbulent. Il peut s’agir d’une aide précieuse, comme d’un fardeau. Par ailleurs, il va de soi que la prise de rilatine par des personnes tierces que celle concernée par le diagnostic peut être dramatique (voir ci-dessous).

La rilatine en blocus, fausse bonne idée!

Étant donné les effets miracles de la rilatine en matière de concentration et de stimulation, on serait presque tenté de se doper avec ce médicament durant le blocus. Nombreux sont les étudiants qui s’y sont d’ailleurs essayés, sans prendre en considération les nombreux effets secondaires évoqués dans l’article. Selon une étude menée il y a quelques années par l’université d’Anvers auprès des étudiants de médecine, ils étaient 53% à reconnaître les bienfaits de la rilatine… mais aussi 47% à prendre conscience de la pénibilité des effets secondaires de ce médicament. « jusqu’ici n’a permis d’affirmer que la rilatine améliore les résultats aux examens. Tout au plusl’étudiant peut-il gagner en concentration. Mais ce gain ne compense pas les effets secondaires liés à l’utilisation de ce produit», avertissait alors Coralie Bonnier, médecin au Service d’aide aux étudiants à l’UCL, à Louvain-la-Neuve.

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