L’augmentation du prix de la viande va-t-elle créer de nouveaux végétariens?

On ne va pas se mentir, le prix de la viande a décollé depuis plus d’un an déjà, à un tel point que certains préfèrent se tourner vers d’autres ressources alimentaires… Le végétalisme permettrait-il de réaliser plus d’économies? Metro vous répond.

par
Sarah Mangeleer
Temps de lecture 5 min.

Si presque tout a augmenté dans nos supermarchés, il n’est pas difficile de remarquer que la viande est l’une des premières touchée de plein fouet par cette revue à la hausse des prix. La preuve, selon Statbel, les prix de la viande ont augmenté de jusqu’à 18,2% (et de 14,8% rien que sur les douze derniers mois). En haut du classement, on trouve la volaille (avec une augmentation de prix de 24,6%), suivie de près par les charcuteries (+18%) et la viande de porc (+17,6) et enfin, la viande de mouton et d’agneau (+17,5%). En d’autres termes: ça fait mal au portefeuille, à un point où la viande est quasiment considérée comme un « produit de luxe » de nos jours (et on ne vous parle même pas du poisson).

Pourquoi les prix ont-ils augmenté si fort?

Pour Philippe Bouillon, co-président de la Fédération Nationale des Bouchers Charcutiers de Belgique, cette augmentation fulgurante des prix est liée n’est pas près de s’arrêter : «Les prix ne cessent de croître », déplore-t-il, «notamment de la viande de bœuf pour laquelle il y a de moins en moins de carcasses disponibles en raison d’une chute de la production car certains éleveurs n’arrivent pas à boucler les fins de mois.» Ce n’est pas tout. On peut également blâmer la pénurie des matières premières (liée notamment à la guerre en Ukraine), les prix (ridiculement) élevés de l’énergie, les coûts de transport (le prix de l’essence a flambé) et toute une autre séries de coûts liés à la production (l’emballage et la main-d’œuvre). Alors, vu la situation, qu’est-ce qu’on fait du coup pour se nourrir sans se ruiner?

Un aller simple pour le véganisme?

Pas exactement. À la place de se convertir aux produits végétariens (que l’on trouve désormais très facilement dans les rayons de nos supermarchés), beaucoup d’individus ont décidé de changer leurs habitudes de consommation sans pour autant renoncer à la viande. La porte-parole de Colruyt, Nathalie Roisin, a constaté un «un glissement de la consommation vers des viandes moins chères, comme les préparations à base de haché ou encore la volaille [qui] s’est accrue avec l’inflation». Elle a également remarqué «une sensibilité accrue aux promotions avec des achats en volume. Pour schématiser, s’il y a une action sur des morceaux réputés plus nobles (prenons un chateaubriand de bœuf par exemple), nous constatons des achats plus importants. On peut par exemple s’imaginer que les clients en profitent pour mettre quelques pièces au congélateur.»

Comme le résume Philippe Bouillon de la Fédération Nationale des Bouchers Charcutiers de Belgique: «Les amateurs de viande continuent à en manger, ils privilégieront la qualité à la quantité. Pour l’instant, il n’y a pas péril en la demeure».

Devenir végétarien, une alternative économique?

Du côté des protéines végétales, si certains individus ont décidé de se tourner vers ces dernières, il ne s’agit pas d’une généralité selon le Docteur Charlebois. «Les gens continuent quand même à acheter des produits animaliers. L’aspect de l’abordabilité influence les consommateurs de plus en plus. Ils recherchent d’autres options, que ce soit au niveau des protéines végétales ou même des fruits de mer et du poisson.» Malgré ça, une étude menée par iVOX montre que «le pourcentage de personnes plus enclines à adopter une alimentation plus végétale reste faible, mais augmente sensiblement par rapport à 2020, passant de 5% à 8%.»

Si l’on a pu voir que les consommateurs ne renonçaient pas à la viande pour autant, on peut toutefois se demander si devenir végétarien (complètement) vu les temps actuels ne serait pas tout de même plus rentable. D’après une étude, ce serait bel et bien le cas. «On accuse souvent les régimes végétaliens et végétariens de coûter plus cher qu’un régime alimentaire carné. Or, une récente étude menée par l’Université d’Oxford vient de démontrer le contraire. D’après celle-ci, le passage à des régimes sans viande peut aider à réduire les coûts des aliments jusqu’à un tiers. » révèle Culture V.

«Nous pensons que le fait que les régimes végétaliens, végétariens et flexitariens peuvent vous faire économiser beaucoup d’argent va surprendre les gens. Cette étude montre que c’est tout le contraire. Ces régimes pourraient être meilleurs pour votre solde bancaire ainsi que pour votre santé et… la planète. » , a affirmé le Dr Marco Springman, l’un des chercheurs de l’étude. Les résultats montrent que les régimes végétaliens ont eu les coûts alimentaires les plus réduits (entre 25 et 29% de moins), suivi de près par les végétariens.

Si vous cherchez à réaliser quelques économies, n’hésitez donc pas à remplacer certains repas par des alternatives végétaliennes ou végétariennes ou à le devenir complètement si vous réalisez que la viande ne vous manque absolument pas (et à votre portefeuille non plus).

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