Le chanteur Lomepal accusé d’agressions sexuelles: comment la lanceuse d’alerte est devenue une victime?

Ce mercredi, nous apprenions par le biais d’Instagram que le chanteur Lomepal était accusé d’agressions sexuelles. C’est une jeune femme agissant sous le pseudonyme de «jennaboulmedais» qui révélait l’information. Depuis lors, l’utilisatrice est devenue la cible de menaces, insultes, et autres remises en cause. Pourquoi? Metro s’est penché sur la question.

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 3 min.

Petit séisme dans le monde de la musique ce mercredi en début de soirée: le chanteur Lomepal, adulé par des milliers de personnes en francophonie, est accusé formellement d’agressions sexuelles. C’est «jennaboulmedais», une Française, qui lance l’alerte sur Instagram, affirmant notamment que «toute l’industrie musicale est au courant». «Ce silence n’est littéralement plus possible. Voir son nom en tête d’affiche pour de nombreux festivals également», dénonce-t-elle avec force dans sa publication Instagram, likée plus de 80.000 fois.

Depuis lors, l’information a été reprise dans les médias par dizaines et a fait le tour des réseaux sociaux. Et si le principal intéressé n’a pas encore réagi à ces accusations et continue tranquillement sa petite vie (il a posté des stories de l’un de ses concerts, ndlr), la lanceuse d’alerte vit, depuis lors, un enfer.

Des fans dans le déni

Si des messages ont afflué par milliers pour soutenir la parole des victimes et les propos de «jennaboulmedais», il y en a malheureusement des milliers d’autres qui viennent obscurcir le tableau. Le top commentaire est sans doute celui qui vise le plus juste pour comprendre le problème du débat qui fait rage sous la publication: «Les commentaires de groupies à peine majeures défendant leur chanteur préféré avec des arguments lamentables me donnent la gerbe. Y’a encore un sacré boulot de déconstruction autour de la culture du viol. En 2023, c’est bien, on avance.»

En effet, il est parfois (très) difficile pour les fans d’accepter que leur idole puisse être un monstre. Que la personne qu’ils ont mise sur un pied d’estale pendant des années va, en fait, à l’opposé de toutes leurs valeurs. De ce fait, certains choisissent le déni et remettent en cause la parole des – pourtant nombreuses – victimes. Pourtant, faut-il le rappeler, les femmes n’ont jamais rien gagné à dénoncer les agissements d’un homme. C’est, bien au contraire, leurs vies qui sont gâchées, leurs quotidiens qui sont chamboulés.

Pourquoi mentir?

Et c’est bien pour cette raison aussi que des témoignages concrets sont difficiles à obtenir. Témoigner publiquement est un processus extrêmement douloureux qui demande des ressources dont toute victime ne peut pas disposer. Les témoignages viendront peut-être, ou ne viendront pas. Mais pour quelles raisons les bruits de couloir, qui se sont transformés en récits (privés) concrets, seraient des mensonges?

Désormais, «jennaboulmedais» doit également composer avec les personnes qui se demandent la raison pour laquelle elle dénonce les agissements qui durent depuis longtemps d’un artiste qu’elle a vu en concert il y a quelques semaines. Cela, Jenna l’explique elle-même: il ne s’agissait avant que de bruits de couloir. Oui mais voilà, Jenna a entendu le récit d’une victime et a décidé que cela ne pouvait plus durer. Et c’est tout à son honneur. À ceux qui disent qu’une lanceuse d’alerte veut créer le buzz, de quel buzz parle-t-on exactement? Des milliers d’insultes, des milliers de menaces, des dizaines d’heures à devoir s’exprimer au sujet de ce que l’on dénonce? Je crois que Jenna s’en serait bien passée.

Dénoncer des agissements se basant sur des récits de victimes, ce n’est pas ruiner la vie de la personne qu’on accuse. Celle-ci conserve sa présomption d’innocence. Celle-ci a le droit de s’en défendre. Celle-ci a aussi le droit de reconnaître ses torts.

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