Le Nutri-score est-il un outil aussi fiable qu’il le prétend?
Le Nutri-score est une échelle de référence qui indique les aliments favorables à la consommation et ceux qui ne le sont pas. Ce petit code de couleurs a fait son entrée il y aujourd’hui cinq ans. Son objectif? Apprendre aux consommateurs comment mieux manger. Mais concrètement, que signifie cette échelle? Le Nutri-score est-il fiable?
Tout le monde a déjà vu cette petite échelle de couleurs placée sur les emballages des produits dans les supermarchés. Le Nutri-score recense les produits par cinq lettres simples: A, B, C, D, E. Allant du produit de la meilleure qualité nutritionnelle en A à la moins bonne en E. Depuis quelques années, il s’est imposé comme une référence pour aider les consommateurs à choisir le bon produit.
Aujourd’hui, sept pays européens ont adopté la référence, à savoir le Benelux, l’Allemagne, l’Espagne, la Suisse et la France. En Belgique, il est recommandé (et non obligatoire) aux producteurs de mettre un Nutri-score sur l’emballage de leurs produits. Mais comment fonctionne-t-il ?
Le nutri-score, c’est quoi?
Concrètement, le Nutri-score est le résultat d’une collaboration entre plusieurs groupes de scientifiques, médecins et nutritionnistes. Il se base sur un calcul fait sur les compositions nutritionnelles de 100g du produit. Il prend en compte deux groupes de facteurs: les facteurs à limiter (l’énergie, les acides gras saturés, les sucres simples et le sel) et les facteurs à favoriser (les fibres, les protéines, les fruits et légumes, les légumineuses et les fruits à coque).
Les produits sont divisés en quatre catégories, à savoir les aliments solides, les fromages, les graisses ajoutées et les boissons. En fonction de ces catégories, le calcul du Nutri-score sera différent, même si finalement la référence sur les emballages sera la même échelle partout. Une fois cette formule appliquée, les produits peuvent être recensés dans l’une des cinq couleurs/lettres de l’échelle.
Grâce à ce système d’échelle, le Nutri-score permet de comparer différents produits. On peut l’utiliser pour comparer les produits d’un même rayon, par exemple au rayon céréales, vous pouvez voir lesquelles seront les meilleures pour votre santé (au chocolat ou nature?). Il permet aussi de comparer les différentes marques présentes pour un même produit (quelle marque pour les tagliatelles est la meilleure, par exemple), ou encore de comparer des produits qui se consomment pour la même raison (par exemple pour l’apéro, les olives sont-elles meilleures que les chips?).
La subtilité des matières pour un même produit
Il est important de faire la différence entre la composition nutritionnelle d’un produit et sa matrice. Prenons deux exemples concrets: une amande est dure, marron, poreuse et fibreuse. Quand on la broie, sa matrice change: l’amande est désormais sous forme de poudre. Même si l’amande et la poudre d’amande sont identiques, elles n’auront pas le même effet sur l’organisme.
C’est la même chose pour le pain, un pain classique et un pain de mie n’ont pas le même impact sur l’organisme: le pain de mie est plus dense et enrichi et a un indice glycémique plus élevé que le pain classique et cet indice favorise la prise de poids. Le pain de mie n’a donc pas le même impact que le pain classique.
Le Nutri-score ne prend, a priori, pas la matrice de l’aliment en compte, seulement la composition nutritionnelle, ce qui biaise la catégorisation du produit dans l’échelle de couleurs finale.
Où est-ce que le bât blesse?
Quelques incohérences ont été relevées, notamment par rapport au choix des facteurs favorables et défavorables à la consommation. En effet, le Nutri-score ne prend pas en compte les additifs ou les pesticides, ni le degré de transformation de l’aliment et le mode de cuisson de l’aliment. Ce faisant, on se retrouve avec des produits bons pour la santé classés en D (c’est le cas de l’huile d’olive et de noix, par exemple) et des produits classés en A ou B alors qu’ils sont plus nocifs (les frites, par exemple). Le Nutri-score n’est donc pas tout à fait complet.
Une autre limite serait le fait que le Nutri-score n’indique pas la portion idéale du produit que l’on peut consommer. Hors, les produits notés A sont, certes, favorables pour la santé, mais ne peuvent pas pour autant être consommés sans modération.
Réajustement du Nutri-score
Il y a un peu plus d’un mois, les sept pays européens ont décidé de renforcer l’efficacité du Nutri-score pour mieux classer les aliments. Certains seront mieux évalués et donc placés en catégorie A ou B, à savoir les poissons gras sans ajout de sel ou d’huile, les céréales complètes (comme le pain et le riz complets) ou les huiles végétales avec une faible teneur en acides gras saturés (olive, colza, noix, tournesol).
D’autres perdront des places dans le classement comme les produits très sucrés (céréales du petit-déjeuner), la viande rouge et la viande transformée ou les produits préparés prêts à consommer. Les boissons seront également réévaluées pour faire évoluer l’algorithme. Le rapport des scientifiques devrait tomber d’ici la fin de l’année 2022.
En résumé, le Nutri-score est un bon indicateur mais, n’étant pas complet, il est déconseillé au consommateur de consommer «à l’aveugle», c’est-à-dire ne consommer que les produits en A ou B, sans réfléchir à l’impact que ces produits auront sur sa santé (comme pour les frites ou les plats préparés). S’inspirer du Nutri-score, c’est bien, mais ne pas oublier à quoi ressemble la pyramide alimentaire, c’est mieux!
Et si on le remplaçait par l’indice glycémique?
En regardant de plus près les étiquettes des aliments, on peut connaître leur indice glycémique (IG). Il varie entre 1 et 100. Plus il est élevé, plus les glucides contenus dans l’aliment passeront dans le sang et plus le stockage de graisse de l’organisme s’activera. Par exemple, les aliments ayant un indice glycémique plutôt bas (comme les courgettes (15) ou les carottes crues (30) amèneront mois de sucre que les aliments ayant un indice glycémique élevé (comme le pain blanc (90) ou les frites (95). Plusieurs facteurs peuvent faire varier cet indice, comme la cuisson, la forme (entier, râpé…), la fabrication (soufflé comme le maïs, ou desséché comme les biscottes),etc.
L’IG peut dès lors être parfois plus fiable que le Nutri-score, donnant des informations plus précises sur l’impact des aliments sur le stockage des graisses.
Existe-t-il des alternatives?
Le Nutri-score permet de mieux orienter la consommation de sorte qu’elle soit plus saine. Mais certaines incohérences biaisent encore le consommateur dans ses choix. Il existe des alternatives, telles que l’application mobile Yuka. Cet outil permet d’évaluer l’impact des produits sur l’environnement mais également sur notre santé. Ainsi, en scannant le code-barres d’un produit avec l’application, il est possible de voir l’impact qu’il peut avoir sur notre santé. En d’autres mots, s’il est sain ou pas.