Les incidents se sont multipliés cet été : les attractions sont-elles devenues dangereuses?
Ce sont des incidents qui font froid dans le dos, qui font les gros titres des journaux et qui coûtent parfois des vies. Cet été, on pourrait même être tenté de parler de loi des séries.
Série noire cet été
À lui seul, le long week-end du 15 août a été marqué par plusieurs incidents. Dimanche 13 août, lors de la kermesse de La Hestre, la barrière de sécurité d’une attraction foraine s’est ouverte alors que le manège était en mouvement. Plusieurs personnes sont tombées d’une hauteur de deux à trois mètres et sept personnes ont été blessées. Des sœurs jumelles âgées de 12 ans ont été plus gravement blessées, mais elles s’en sont finalement bien sorties.
La veille, 28 personnes se sont retrouvées coincées dans les montagnes russes Boomerang au parc Bellewaerde, à Ypres. Les occupants de l’attraction ont été évacués un à un et ont pu rejoindre la terre ferme via les escaliers le long des rails. Il n’y a pas eu de blessé. Le 15 août, c’était au tour d’un des plus grands parcs d’attractions d’Allemagne, Europa-Park, d’être marqué par un incident grave. Lors d’un spectacle aquatique de plongeons en hauteur, l’échafaudage qui soutenait des plateformes pouvant atteindre 25 mètres de haut au-dessus du bassin s’est effondré. Sept personnes, cinq artistes et deux visiteurs, ont été blessées. Toujours le 14 août, à Walibi cette fois-ci, plusieurs passagers sont restés bloqués pendant près de 30 minutes à 50 mètres de haut, à l’intérieur du Kondaa, la montagne russe la plus haute et la plus rapide du parc d’attractions wallon. Heureusement, aucun blessé n’est à déplorer.
Malheureusement, ces incidents ne sont pas isolés. En Europe, l’été 2023 a été émaillé par plusieurs drames dont l’un a coûté la vie, le 6 août dernier, à un adolescent de 17 ans. Dans unLuna Parkdu cap d’Agde, dans le sud de la France, il était à bord de «L’Adrénaline», une attraction qui consiste à basculer dans le videdeux visiteurs, après une chute d’une soixantaine de mètres. Un journal local évoque une rafale de vent qui aurait dévié les jeunes de leur trajectoire et les aurait propulsés contre un poteau en fer.
Des contrôles très stricts
Faut-il avoir peur avant de monter dans un manège? Est-ce qu’il y a de plus en plus d’accidents? Les attractions sont-elles suffisamment contrôlées? Tout d’abord, aussi médiatisés soient-ils, les incidents dans les fêtes foraines et les parcs d’attractions restent très rares au vu des centaines de milliers de personnes qui les fréquentent. Néanmoins, cela n’empêche pas, au contraire, de se poser des questions sur ce qui est mis en place pour assurer la sécurité des visiteurs dans ces manèges. Les forains sont soumis à des règles et à des contrôles très stricts. «À chaque montage, une inspection des infrastructures est réalisée pour vérifier leur stabilité et la sécurité. Les pompiers et les organismes de la commune viennent vérifier si tout est en ordre avant de lancer la machine», indique à la DH Steve Severeyns, porte-parole de l’ASBL La Défense des forains belges, en ajoutant que les attractions étaient en plus soumises à un contrôle annuel et à des contrôles périodiques.Ils sont égalementvérifiés par le SPF Economie qui effectue régulièrement des inspections sur les sites.
Quand l’erreur est humaine
Malheureusement, le risque zéro n’existe pas etun accident peut survenir n’importe où et n’importe quand. Tout d’abord, les attractions ne sont jamais à l’abri d’un problème mécanique, comme cela a vraisemblablement été le cas à La Hestre.Mais parfois, une erreur humaine peut aussi être à l’origine d’incidents. Ce fut le cas à Plopsaland La Panne au printemps dernier. Une visiteuse avait été blessée et emmenée à l’hôpital après un incident sur l’attraction Mega Mindy Jetski. «Nous pouvons affirmer avec certitude que l’accident n’a pas été causé par une faute technique mais bien par une faute humaine», avait réagi le parc. L’opérateur avait lancé l’attraction alors qu’une quinquagénaire et son petit-fils n’étaient pas en sécurité à l’intérieur du manège. Durant l’été 2022, à Walibi, l’attraction star «Vampire» avait été lancée alors qu’une jeune femme n’était pas attachée. Elle avait alors sauté de l’attraction. «Quand l’attraction a démarré, mon harnais était toujours totalement levé…», se souvient-elle. Là encore, il s’agissait d’une erreur humaine. «Pour une raison inconnue, les vérifications habituelles n’ont pas été adéquatement effectuées et le harnais de sécurité de la personne n’a pas été correctement abaissé», avait admis le parc en lançant une enquête interne.
Plus de risque de mourir d’un accident de vélo
Même en fouillant bien dans les archives, personne ne se souvient d’un accident qui a coûté la vie à un visiteur dans un parc d’attractions ou dans une fête foraine en Belgique. En 1994, un jeune homme de 26 ans avait perdu la vie à la foire du Midi en chutant d’une attraction dont il devait assurer la sécurité. Un an plus tard, un cascadeur américain était mort à Bellewaerde lors d’une audition pour un nouveau spectacle. Mais jamais des visiteurs.
Même si ces chiffres sont à prendre avec quelques pincettes car ils datent de 1996, ils restent rassurants. À l’époque, Test-Achats avait enquêté sur la sécurité dans les parcs d’attractions belges. Le magazine était arrivé à la conclusion que «celui qui passe 2 heures dans un parc en essayant dix attractionsa une chance sur 1,66 million d’avoir un accident grave et une sur 25 millions qu’il soit mortel. Un risque dix fois moindre que lors d’un trajet de 2 heures à vélo sur une route peu fréquentée». Vous pouvez donc continuer à fréquenter les parcs de loisirs et les fêtes foraines l’esprit tranquille!
DES ACCIDENTS DE PLUS EN PLUS FRÉQUENTS ?
Les incidents dans les foires et les parcs d’attractions sont-ils plus fréquents? «En 2022, trois accidents ont été notifiés sur des manèges forains, huit dans des parcs d’attractions», indique à la RTBF Pieter Verwijk junior, propriétaire d’un manège à la Foire du Midi. Selon le service fédéral, ces dernières années, les notifications ont bel et bienlégèrement augmenté. Mais cela viendrait du faitque l’obligation de signaler tout incidentsoit de mieux en mieux connue et appliquée. «Il n’y a aucune indication que les accidents réels soient plus nombreux», estime-t-on ainsi du côté du service fédéral.
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